Le roman début par un prologue dont l’action se passe au Moyen-âge. Un alchimiste s’enfuit de sa maison en feu, abandonnant femme et fils et demande de l’aide à un de ses amis, alchimiste lui aussi. Cette aide lui est accordée, mais pas sans contrepartie : le diable lui donnera la vie éternelle, mais pas le repos tant qu’il n’aura pas rencontré le maître des chiffres, la fille de la brume et le garçon plein de colère, qu’il devra aider.
L’action revient ensuite à notre époque pour nous faire découvrir les protagonistes de cette histoire. Laura et Raphaël sont au lycée et ils s’aiment. Un jour qu’ils se promènent, juste avant la rentrée des classes, ils entrent dans une bijouterie où Laura choisit une bague qui se met à briller quand elle la passe au doigt, comme si au contraire c’est la bague qui avait choisi la jeune fille… D’ailleurs, le bijoutier est un peu bizarre…
Au lycée, ils retrouvent les copains habituels, ainsi qu’un nouveau, Melvil, qui attire tout de suite l’attention de Laura et de son amie Apolline : il est beau, mystérieux, utilise un langage désuet et semble correspondre à tous les canons de séductions de Laura, ce qui rend d’emblée Raphaël fou de rage.
Le jeune homme va cependant tenter de s’intégrer et Laura se sent même mystérieusement attirée par lui, à tel point qu’elle met en danger sa relation avec son petit ami, qui lui, ne voit pas du tout cette nouvelle amitié d’un bon œil, même si bizarrement, il ne peut pas s’empêcher non plus de devenir copain avec Melvil.
Est-ce depuis l’arrivée de Melvil ou bien juste le fruit du hasard ? Il se passe de drôles de choses en tout cas. Apolline subit de terribles cauchemars à propos d’une fille de la brume, une légende ancienne dont Laura lui aurait parlé, ou peut-être pas ? Laura parle dans sa tête, ça n’est pas nouveau, mais cette fois elle ressent une angoisse étrange, comme un avertissement qu’on lui ferait. Sans en parler, les deux adolescentes ressentent un malaise, une peur latente… un mal rôde, une menace, comme si un démon leur tournait autour. Et en effet, un démon sévit dans cette petite ville de Touraine, ou bien un fou furieux, un sadique, un serial killer, pourquoi pas ? Il tient les gens sous son pouvoir en les confrontant avec leurs propres peurs ou leurs souvenirs douloureux et les pousse à bout, à la mort. La police est sur les dents, mais n’a pas de piste. Les jeunes mènent une enquête discrète en parallèle et le roman oscille donc entre un roman policier et un roman fantastique.
Ma fille et moi avons toutes les deux beaucoup aimé ce roman au suspense soutenu. Je rejette en général tout ce qui traite de démons, succubes et autres figures revenues des temps anciens pour semer la terreur, mais l’histoire est tout à fait bien tournée, et bien écrite, pour que cela devienne presque crédible, en tout cas pour qu’on s’attache aux personnages et à leur destinée.
J’ai beaucoup aimé de fait le mélange entre notre époque et les temps anciens, les légendes et la vie quotidienne avec ses aspects parfois très terre à terre. J’ai trouvé de plus tout à fait justes les descriptions et personnalités des jeunes, leur langage, leurs réactions, même s’il est un peu dommage que les personnages secondaires (Apolline, Vincent, l’ami de Raphaël) ne soient pas plus décrits, car leur personnalité, et leurs qualités d’amitié et d’abnégation sont assez impressionnantes, ainsi que leur fidélité. De même pour les profs qui semblent bien sympathiques, mais peut-être un peu survolés.
La fin est cependant un peu rapide à mon goût. Bien sûr, les faits s’enchainent, mais j’aurais aimé un peu plus de détails… Par contre, Charlotte et moi avons toutes deux noté la dernière phrase « ouverte » et… nous attendons une suite !!!
Charlotte a « A-DO-Ré » le mélange entre amour, amitié et légende. Elle a préféré le personnage d’Apolline parce qu’elle la trouve super sympa pour son amie malgré ce qu’il lui arrive. Elle trouve que l’histoire n’est pas très crédible, mais a beaucoup aimé « rentrer dans le jeu ». Elle a eu peur à plusieurs moments, notamment à la fin, au lac. Elle a aussi pleuré sur le sort d’Apolline. Bref, elle est conquise ! Elle comme moi avons adoré l’idée géniale du pouvoir du démon (il met les gens en face de leurs propres peurs) qui fait vraiment froid dans le dos, et nous avons du coup pas mal discuté de nos peurs, angoisses, stress…
Une belle lecture, donc, qui une fois de plus nous a permis de nous rapprocher en en discutant !
Éditeur : LE SEUIL
Date Parution : 26/09/2013- 320 pages
Un très grand merci à Luc Blanvillain et aux Editions du Seuil !
Un roman lu par A propos de livres, Val et Vive les bêtises