Le traité de libre circulation dans la zone Cemac qui a été signé par les Chefs d'Etats de cette sous-région, devrait prendre effet dès le 14 janvier 2014. La République de Guinée-Equatoriale s'est désolidarisée du traité. Voici pourquoi.
La mère poule protège toujours ses œufs ou ses poussins, parfois à coups de becs, face à toute menace réelle ou supposée. L'allégorie peut être adaptée au cas de la décision du président Obiang Nguema de Guinée-Equatoriale de ne pas adhérer au traité de libre circulation au sein de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale. Une image qui sera d'ailleurs fort à propos d'autant plus que le pays est en plein dans une grande gestation partout en Afrique, grâce à un choix économique et politique bâti sur la modernité et le développement, avec les ressources du pays.
Certes, la libre circulation facilitera les échanges économiques, commerciaux et culturels inter-états, dans l'optique d'un développement global de cette sous-région. Il en est ainsi, pour exemple, des pays n'ayant pas de façades maritimes qui bénéficieront, à travers des cadres juridico-commerciaux bien définis, de facilités pour leurs importations et leurs exportations; on citera aussi les échanges inter universitaires et des corrélations dans le domaine des expertises et des compétences techniques des Etats membres. Mais il reste le cas des hommes. Pour parler de ceux qui doivent bénéficier de ce traité qui prend effet à partir du 1er janvier 2014. Mais aussi de la situation politique des pays voisins de la Guinée-Equatoriale. Au moment où la sous-région fait face à des foyers de tensions larvées ou à peine éteintes, la Guinée-Equatoriale veut se protéger, Tout simplement se protéger.
Petit pays de moins de 2 millions d'habitants, la République de Guinée-Equatoriale se sent bien en danger face à des migrants qui confondront «la libre circulation» avec la «libre installation». C'est surtout le spectre de cette «libre installation» qui motiverait les réticences du Président Obiang Nguema. Car le flux migratoire, qu'il a déjà eu à affronter jusqu'ici, montera tel un tsunami venu de l'Atlantique, aux larges de Bata et Malabo. Une vague déferlante qui fera des dégâts considérables sur la sécurité du pays. Les ressortissants des pays voisins viendront sinon affronter les mentalités fortement raffinées des citoyens équato-guinéens, du moins les changer en d'autres formes de comportements qui déstabiliseront ce pays en plein essor. Il en est ainsi des camerounais dont la réputation dans plusieurs pays étrangers en général et en Guinée-Equatoriale en particulier, n'autorise aucune confiance, plutôt de la méfiance et même plus.
La Guinée-Equatoriale ne compte pas mettre en danger ses infrastructures face à des prédateurs possibles venant de pays voisins; elle refuse de se laisser envahir par un flux migratoire incontrôlé et incontrôlable sous le prétexte d'une coopération sous-régionale qui n'a pas encore défini ses propres frontières. Son économie sera de même menacée par ce flux, avec des conséquences sur son PIB et sa croissance, voire ses objectifs d'émergence.
Des voix se sont élevées pour fustiger le manque de coopération et surtout cet «orgueil du nouveau riche» qu'afficherait le Président Obiang Nguema. Ceux-là ont oublié qu'il a démontré depuis quelques années (et de plus en plus régulièrement) son souci pour l'Afrique dans son ensemble, et pour la zone Cemac en particulier. Ceci à travers plusieurs actes remarquables pour des projets multiformes en faveur de la jeunesse africaine notamment. Il ne saurait être taxé d'empêcheur de tourner en rond dans la zone Cemac.
Respecter les lois et citoyens Equato-guinéens.
Pour ne prendre que le cas des camerounais. Un cas-type mais un exemple regrettable. Nos compatriotes font régulièrement l'objet d'expulsions massives et même brutales selon des témoignages, de Guinée-Equatoriale. Alors que nos deux pays et les deux Chefs d'Etats partagent des liens culturels, économiques, et historiques inaliénables. Pourquoi ? Par ce qu'ils ne respectent pas les lois de leur pays d'accueil. Les équato-guinéens n'aiment pas les escrocs, les corrompus et les corrupteurs. Dans aucun pays au monde on n'ouvrira grandement les portes, sans savoir qui vient y entrer, que vient-il y faire et jusqu'à quand, sans un système de contrôle qui obéit à la sécurité des biens et des personnes. Même dans cette grande démocratie que sont les USA, on a le devoir de respecter les lois américaines et ne pas transmettre «les maladies» du pays d'où l'on vient aux populations locales.
Protéger son pays émergent et son économie en plein essor, mettre ses populations à l'abri des mentalités corruptrices qu'apporteront les ressortissants des pays voisins, éviter l'insécurité dans son pays que pourrait apporter le flux migratoire... voilà quelques grandes raisons des réticences implicites du Président Obiang Nguema. Et comme on vous l'a dit plus haut: la poule défend ses œufs ou ses poussins, parfois à coups de bec.