Signe que ce fut un concert absolument grandiose: une semaine après, je trouve Like Clockwork en le réécoutant encore meilleur qu’avant, je l’écoute encore plus en boucle qu’avant (si c’est possible?!) et surtout à chaque écoute j’ai dorénavant les images absolument prégnantes du concert qui défilent sous mes yeux. Car ce show était aussi une histoire racontée, des couleurs, le rouge surtout, omniprésent, des univers visuels différents pour chaque titre, parfois glauque, dérangeant (cf le clip découlant de l’image ci-dessus) parfois quasi poétique, parfois obsédant et inquiétant, un esthétique très poussé et travaillé. Le décor nous plongeait dans le show en quelques secondes et puis commencer en intro avec la basse poisseuse et pousseuse au viol de "Keep Yours Eye Peeled" qui vient vous réverbérer dans tout le corps: c’était absolument sale et jouissif. Même si bien sûr par la suite, ce sont les morceaux des premiers albums qui feront le plus s’enthousiasmer l’audience…
Josh Homme fait partie de ces dieux vivants du rock (en tout cas si pour lui "My God is the Sun", dans ma religion polythéiste one of my Gods à moi c’est lui !) et pourtant le ricain rouquin est poli, bavard, modeste et impressionnable. Oui, notre bonne vieille Halle Tony Garnier à l’acoustique innommable l’émerveilla au plus haut point et l’encouragea à nous faire part de ses considérations esthétiques et spirituelles sur le lieu, les tournées "en province", les rencontres visiblement faites à Lyon, et même les personnes chères perdues ici ? De l’intime dans cette salle immense et dégueulasse, délicieuse cerise sur le gâteau de mon bonheur…
Ce qui pouvait paraitre surprenant c’est que l’ambiance était au final assez calme. Point de vrais pogos ravageurs, même si clairement les guitares et la batterie étaient là pour encourager les plus vieux et réfractaires à la chose (moi notamment, sic). Comme nous avions déjà eu l’occasion de le dire ici ce dernier album n’est pas "conforme" aux opus des débuts. Josh s’est arrondi dans les angles, il a vécu et souffert, le groupe a encore gagné en mélodie et surtout en sensualité. "The Vampyre of Time and Memory" (cette chanson… MON DIEU CETTE CHANSON!!!) attaquée seul au piano m’arracha les larmes mais je doute que les barbus chevelus aux t-shirts de métalleux dans la fosse aient vraiment apprécié l’interlude. Ce concert s’écoutait quasi dans le recueillement et l’admiration, ou alors étaient-ce le dégoût et la déception pour les fans historiques ? Difficile de se prononcer, de toute façon sans bouchon d’oreilles dignes de ce nom, le public n’a probablement entendu qu’un vaste bloubiboulga, alors que bien équipée, je vous confirme que tout était incroyablement juste et en place. Josh et ses reines étaient dedans, c’était du grand rock, du grand stoner. Je vous passe les chœurs du public sur "Make it wit Chu", après tout pourquoi ne pas donner aux gens ce qu’ils attendent ? Une fois n’est pas coutume, la chaire de poule était au rendez-vous, tant sur scène que tout en haut des gradins.
Ce magnifique album est donc porté par un show dantesque, j’espère que les parisiens vous en avez aussi profité la semaine passée… A défaut de vous proposer quelques titres inaudibles de Lyon (je vous ai déjà dit que la Halle Tony Garnier c’est de la m**** ?) voilà ci-dessous les deux heures de concert at the Wiltern. Et pour ceux qui veulent recevoir un peu plus de l’esthétique QOTSA le lien vers un clip interactif de "The Vampyre of Times and Memory". Enjoy.