Titre original : El Orfanato
Note:
Origine : Espagne/Mexique
Réalisateur : Juan Antonio Bayona
Distribution : Belén Rueda, Fernando Cayo, Roger Princep, Montserrat Carulla, Geraldine Chaplin…
Genre : Épouvante/Drame
Date de sortie : 5 mars 2008
Le Pitch :
Laura, une mère de famille, décide de reprendre l’orphelinat où elle a passé une enfance heureuse. Mais alors qu’elle l’inaugure, son fils disparaît et d’étranges phénomènes commencent à se manifester…
La Critique :
L’Orphelinat fait partie de ces surprises fort agréables venues de la péninsule ibérique. Alors que Les Autres de son compatriote Alejandro Aménabar commence à dater, Juan Antonio Bayona sort un digne héritier. Si [Rec], sorti la même année, a fait le buzz à l’international et donné naissance à une franchise pour le moins inégale, L’Orphelinat fait mieux à domicile, en devenant le plus gros succès du box office national. Et c’est bien mérité ! En effet, là où on pourrait s’attendre à un simple film de fantômes avec les mêmes vieilles ficelles, on découvre une histoire plus complexe et intéressante.
Le traitement réservé à l’intrigue est en effet surprenant. Si le surnaturel et la présence des esprits est importante, c’est quand même le moteur principal du scénario, on n’a pas droit à un simple huis-clos sur la lutte entre un couple et un groupe de spectres assoiffés de sang. L’aspect huis-clos, récurrent dans ce genre de productions, est immédiatement écarté au profit d’un environnement plus ouvert bien que centré sur l’orphelinat. On voit donc le climat particulier du film imprégner plusieurs lieux différents, à mesure des errances du couple. Car la disparition de leur fils Simon amène Laura et Carlos désespérés et en proie aux doutes quant aux raisons de celle-ci. De ce côté là, on a un traitement plus proche d’un drame réaliste que d’un film fantastique. On voit les parents aller dans un groupe de parole pour partager leur douleur, le temps d’une scène aussi forte que surprenante. Alors, oui, ils envisagent aussi la piste surnaturelle à travers un médium fort bien campé par l’élégante Géraldine Chaplin. On trouve aussi des personnages classiques en forme de Cassandre mystérieux qui essayent de prévenir le couple sur le sombre passé du lieu, comme l’assistante sociale. Le film nous réserve quelques bons coups de flip mais reste assez ambiancé, préférant créer une atmosphère et une histoire singulière plutôt que de se plier aux conventions. La fin est, à ce titre exemplaire, désarmante et pleine de poésie. Au niveau des influences, on trouve bien sûr la Del Toro touch puisqu’il est producteur et pas mal d’éléments de Les Autres, mais le film ne se résume pas qu’à ça. On y trouve par exemple des analogies avec Peter Pan concernant la thématique de l’enfance.
Le film doit beaucoup à ses acteurs, notamment à Belén Rueda, particulièrement touchante en mère endeuillée et endolorie. Le reste du casting suit la cadence honorablement. Niveau mise en scène, on a droit à quelques moments forts comme celui sur la plage. Tout est en place et fonctionne bien. La photographie tire son épingle du jeu et est pour beaucoup dans la mise en place de l’ambiance particulière du film.
Celui-ci a donc remporté un énorme succès tant chez lui qu’à l’international et a raflé quelques prix comme celui du Festival Fantastic’Arts de Gerardmer.
@ Sacha Lopez
Crédits photos : Wild Bunch Distribution