Si la publicité pour les produits du tabac est interdite dans les médias, des annonces sont toujours diffusées dans les lieux de vente et des messages pro-tabac circulent toujours via des représentations positives de l’usage du tabac dans les films ou sur Internet. Or, l’influence d’un message pro-tabac dure jusqu’à 7 jours et l’exposition à un seul message suffit à augmenter le risque de se mettre à fumer chez un adolescent, révèle cette étude du Rand Institute, présentée dans le Journal of Adolescent Health. De nouvelles cartouches pour la lutte contre le tabagisme.
C’est d’ailleurs la première étude à tenter de quantifier la persistance d’une publicité pour des cigarettes ou d’autres formes de messages en faveur du tabac sur les jeunes consommateurs. Les chercheurs du Rand (pour « Research ANd Development”) ont mené leur étude auprès de 134 étudiants âgés de 18 à 24 ans qui ont reçu des dispositifs portatifs leur permettant de documenter leur exposition aux messages de messages en faveur de produits du tabac au cours de 3 semaines de vie « normale ». Les participants qui comprenaient des non-fumeurs, des fumeurs occasionnels et réguliers, devaient, après avoir vu une publicité ou un message de ce type, signaler leur envie de fumer et évaluer leur capacité à s’abstenir en répondant à une série de questions. Leurs dispositifs les incitaient aussi, à d’autres moments de la journée, hors exposition, à répondre aux mêmes questions.
Cette conception de l’étude a permis aux chercheurs d’évaluer la durée des effets de l’exposition à un message.
1 seul message reste 7 jours « en mémoire » : Leur analyse constate qu’après une exposition à un seul message,
· l’intention de fumer augmenté immédiatement en moyenne de 22%,
· que cette intention diminue avec le temps qui passe
· mais reste présente durant 7 jours complets.
Autre constatation, en dépit de la règlementation, tous les participants à l’étude ont déclaré avoir été exposés à de multiples messages pro-tabac au cours de ces 3 semaines, et, au total, ce sont plus de 1.000 expositions qui ont été signalées…
Les messages se superposent au fil du temps : Steven Martino, un psychologue du Rand et co-auteur de l’étude se dit lui-même surpris par la rémanence des messages et constatent qu’ils sont susceptibles d’influencer le comportement des jeunes, même si les occasions de fumer se produisent rarement. Les chercheurs pensent ainsi que les effets des différentes expositions s’ajoutent et superposent peu à peu pour franchir en fin de compte un seuil d’incitation.
Contrôler l’interdiction de la publicité sur les lieux de vente : Aux Etats-Unis, lieu de l’étude, les jeunes adultes âgés de 18 à 25 ans sont le groupe qui a le plus haut niveau d’usage du tabac avec des taux de tabagisme de près de 50% plus élevés que ceux des adultes plus âgés. En France, le dernier rapport Insee fait état d’un usage quotidien chez près d’un jeune de 17 ans avec un rebond de la prévalence atteignant 31,5 % en 2011. Enfin, en France comme aux Etats-Unis, les deux tiers environ de l’exposition aux messages pro-tabac se produisent dans des lieux mêmes de vente de tabac…
Source: Journal of Adolescent Health (à paraître) via Eurekalert (AAAS) Influence of pro-smoking media messages lasts 7 days, study finds (Visuels Fotolia)
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