Aujourd’hui, nous avons rencontré Simon Léturgie, il nous a accordé un peu de son temps pour nous parler un peu de lui et de ses prochains projets !
Bonjour Simon Léturgie, pour nos lecteurs qui ne te connaitraient pas encore, pourrai tu nous dire qui es tu et que fais tu dans la vie ?
Je suis dessinateur de bande dessinée depuis une vingtaine d’années. J’ai réalisé pas mal de séries dans le registre humoristique avec mon père, Jean Léturgie, et également Yann aux scénarios. Les plus connues étant Polstar et Spoon &White. J’ai ensuite été contacté pour assurer le dessin des aventures de Gastoon, une série dérivée de l’univers de Gaston. Actuellement, je travaille pour le journal Spirou et fais des bandes dessinées à télécharger gratuitement sur le net.
Tu as donc dernièrement travaillé sur Gastoon, le neveu de Gaston Lagaffe, comment en es tu arrivé à dessiner un personnage aussi mythique ?
Yann m’a appelé un jour pour m’informer que les éditions Marsu productions cherchaient un dessinateur pour faire un série avec le neveu de Gaston. J’ai fait un essai qui a plu à l’éditeur. Nous nous sommes embarqués dans ce difficile exercice pendant près de trois ans. Mon dessin est familier de celui de Franquin, j’ai toujours évolué dans un style graphique reprenant les codes des anciens du journal Spirou. Il a juste fallu que je travaille trois fois plus qu’à l’habitude pour tenter d’arriver à la cheville du maître.
Depuis 2005 via la collection Comédia, tu adaptes des classiques du théâtre en bande dessinée, d’où te vient cet attrait pour le théâtre et où en est l’expérience actuellement ?
Adolescent, j’avais du mal à lire le théâtre. Adulte, j’ai voulu aider ceux qui, comme moi, risquaient de passer à côté de pièces majeures de notre culture. J’ai donc transposé les pièces en bandes dessinées. L’aventure a commencé chez Vents d’Ouest grâce à son directeur Dominique Burdot qui a compris et soutenu le projet. Au départ de Dominique, la nouvelle direction n’a pas souhaité continuer. J’ai du me battre pour que les derniers titres sortent. J’ai actuellement récupéré certains contrats en espérant pouvoir donner une plus grande visibilité à cette collection qui me tient à cœur. Aujourd’hui, je travaille sur « Le médecin malgré lui », le premier acte peut être téléchargé gratuitement sous format pdf sur mon site ebookbdgratuit.com
Actuellement, peu d’actualité à ton sujet, es tu en phase de décompression ou bien de nouvelles aventures sont en cours de gestation ?
Je me pose des questions quand à l’intérêt de continuer de publier des livres à tout va. Les librairies sont pleines à craquer de nouveautés et il devient compliqué d’être lu. Mon choix se porte vers les journaux (principalement Spirou) ou le public est plus nombreux. Je fais de la bande dessinée pour être lu, pas pour vendre. D’où, également la création de mon site où les gens peuvent venir lire gratuitement, comme à la bibliothèque.
Tu es un auteur multi-culturel, une chose que l’on apprécie sur le Bourlingueur du Net, que penses tu que la BD puisse apporter aux autres arts?
On a l’avantage avec la bédé de pouvoir donner beaucoup avec très peu de moyens, voir peu de savoir faire. Du coup, beaucoup de monde peut s’exprimer, c’est un des médias qui offre une énorme diversité de créations. On peut construire des cités crédibles, faire parler des animaux humanisés, donner une psychologie à un triangle, c’est merveilleux! La bande dessinées est un laboratoire dans lequel les autres arts peuvent venir puiser énormément d’inspiration.
Tu t’es lancé dans l’ebooks gratuit, pourquoi donc cette voie si marginale ?
J’étais très mécontent des négociations autour de la lecture numérique. Les éditeurs de façon un peu crapuleuse emploient le terme de « livre » numérique. Cette dénomination nous amènerait à croire que nous devons nous calquer économiquement sur le livre papier, que nos contrats doivent être liés, etc… Ils brandissent la menace du piratage pour effrayer quelques anciens qui connaissent peu les pratiques du net et leur faire signer n’importe quoi. Bref, le choix de l’ebook gratuit me permet de gérer la qualité des fichiers que je mets à disposition sur le réseau, ca limite le piratage au maximum puisque ça à peu de sens de pirater du gratuit. Enfin, étant donné que les auteurs amènent à l’heure actuelle leurs productions pour un prix dérisoire aux éditeurs, proche de la gratuité (une avance sur droits revient à peu de choses prêt à faire un emprunt bancaire), je trouvais plus logique que les lecteurs aussi aient accès à la gratuité. D’un point de vue artistique, l’ebook gratuit me permet de tester des univers et de faire le tri dans mes créations pour voir ce qui mérite un passage par l’édition papier.
Merci Simon pour cette chouette interview du Bourlingueur du Net !!
Amitiés.
Simon