Monsieur Bédouret s’empare de la Réforme des rythmes scolaires pour fustiger aveuglément la municipalité ( à laquelle il appartient encore mais qu’il devrait par intégrité morale quitter tant il est entré en opposition ) sans avoir effectué un tour d’horizon de la question et des problèmes que celle-ci soulève. Chaque jour à lire la presse il n’est pas une collectivité qui juge inadaptée cette réforme par le nombre de problème qu’elle pose, le défaut de concertation, la précipitation qui participe de son élaboration et le coût infligé aux collectivités territoriales déjà exsangues financièrement… Il est plus aisé de dénoncer des manœuvres politiques par la traditionnelle mise en avant d’agitateurs ou de boucs émissaires en charge de saper le volet éducatif posé, imposé par Vincent Peillon. C’est la méthode qui est contestée par un large éventail d’élus issus de familles politiques différentes. Rappelons que dès le départ cette réforme a suscité crispations et oppositions. Le projet de décret avait même reçu un accueil très froid en janvier dernier devant le CSE ( Conseil Supérieur de l’Education qui est d’un autre niveau d’appréciation que le petit groupe de réflexion que Monsieur Bédouret anime… et qui anone le credo qui lui a été rédigé ). Ce décret ne suscitait d’ailleurs pas plus d’enthousiasme des collectivités locales si l’on reprend la déclaration de Pierre-Yves Jardel ( membre de la Commission Education et Culture de l’AMF et représentant des maires à ce titre au CSE ) : « Mi-décembre, un tiers des communes étaient prêtes à passer aux quatre jours et demi de classe dès septembre 2013, un tiers étaient contre et un tiers étaient indécises, rappelle l'un des représentants des maires au CSE, Pierre-Yves Jardel. Le ministère de l'Education nationale nous dit qu'environ 50 % des communes devraient adopter la réforme dès la rentrée 2013. Mais, pour l'instant, aucun élément n'évolue en ce sens. ». Rappelons également à Monsieur Bedouret les déclarations de Jacques Pélissard, président de l'Association des maires de France (AMF), soulignant que « toute une série de questions se posent encore » comme « Sur la prise en charge par l'Etat d'un certain nombre d'heures pédagogiques volontaires (APC), le ministère de l'Education nationale évoquait le 11 décembre 1 h 30 par semaine, tandis que le 19 décembre le Premier ministre parlait d'une heure seulement ». Et que penser du Flou sur l'arbitrage entre mercredi et samedi matin que ce projet a très vite suscité ? En effet car selon l'AMF, un flou sur l'arbitrage entre mercredi et samedi matin : les communes veulent être décisionnaires. Or, « dans le projet de décret, tout est dans les mains des directeurs académiques des services de l'Education nationale (DASEN). » Où est, Monsieur Bédouret, la décentralisation?. Je suis tenté de reprendre la déclaration de Nicole Gibourdel, déléguée générale de la Fédération des Villes moyennes, qui soulignait que le décret Peillon pose le problème d’un transfert de compétences qui ne dit pas son nom « Les collectivités vont payer et être responsables de l'activité périscolaire à partir de 15h30. Alors que seul un pansement est prévu pour la première année. Mais après, comment fera-t-on ? »
Et quid des syndicats ? Le retour aux quatre jours et demi de classe devait faire l'unanimité. Au nom, entonnaient les uns et les autres, de l'intérêt des enfants. Le passage aux travaux pratiques est bien moins évident. Le projet de décret sur les rythmes scolaires présenté devant le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) n'a recueilli que 5 votes « pour », parmi lesquels ceux de l'Association des maires de France (AMF) - qui se dit en phase « sur le principe » mais réticente sur les modalités -et l'Association des départements de France (ADF). Le texte a recueilli 23 votes « contre », 30 abstentions et 14 refus de vote. Parmi les syndicats d'enseignants, la FSU, FO, la CGT et Sud ont voté contre, tandis que l'Unsa a refusé de voter le texte.
Voilà un rappel du douloureux accouchement de cette question des rythmes scolaires. Je n’y ai vu aucune manœuvre dilatoire de la part d’irréductibles individus bornés politiquement pour saper le travail gouvernemental ! Bien au contraire j’y ai vu ce qui manque à Monsieur Bedouret et ses colistiers c'est-à-dire le désir de poser les vraies questions sur ce qui pose problème : la méthode et précipitation qui entraînent pour nos collectivités un poids tant organisationnel que financier difficilement supportable ! Comme Vincent Peillon, Monsieur Bédouret sous-estime la complexité de cette réforme qui croise les questions scolaires et périscolaires et implique plusieurs acteurs comme les enseignements, mairies et animateurs. Monsieur Bédouret se devrait d’appréhender également ce dossier dans un processus de décision qui ne soit monopolisé par les maires tel que cela est défini actuellement. Car les conseils d’école doivent être impliqués, les enseignants ont aussi leurs avis à donner, notamment sur les questions pédagogiques. C’est le sens de ce que nous faisons sur Fontenay et que Monsieur Bédouret nomme « blocage » ou présente comme manœuvre dilatoire ! On a transféré une partie du pouvoir scolaire de l’Etat aux maires, au lieu de penser à l’articulation entre les deux et à la démocratie locale !
Ce projet se heurte à des difficultés objectives. Réformer sans moyens est une gageure ! Passer aux quatre jours et demi coûte cher aux communes qui doivent financer des activités pendant les heures libérées l’après-midi. Vincent Peillon, philosophe, s’est dilué auprès des parents sur les avantages des activités du périscolaire aptes à rétablir de la justice sociale en permettant à des enfants issus de milieu populaire d’accéder à des activités de découverte comme le théâtre, les échecs, le sport. Ministre de l’Education il a la charge du scolaire et n’a absolument aucun pouvoir sur le périscolaire qui est du ressort des communes ! Le sait-il lui qui n’a jamais dirigé une municipalité ? A-t-il conscience des problèmes que cela soulève ? Problèmes de locaux, problème d’équilibre entre villes « pauvres » et villes « riches ». Nos villes rencontrent des problèmes de salle pour accueillir les activités et les enseignant refusent de céder leurs salles car faisant du soutien scolaire à des petits groupes à cette heure là ! Et la question du financement est bien celle qu’il faut également poser. Imaginons un maire qui faute de moyens proposera de la garderie ou demandera une participation aux familles. Que fera le ministre dans ce cas de figure qui ne sera pas rare ? Rien car ce n’est pas de sa compétence ! On a fondé un fonds de soutiens de 250 millions d’euros pour contrer ce cas de figure. Mais ce fonds n’a été reconduit que pour une année alors que les collectivités pour tenir la route et maintenir leur équilibre budgétaire demandent à ce qu’il soit pérenne ! Et au-delà de ce financement qui manque crucialement il faut aux communes pouvoir combler un autre vide : les postes d’animateurs ! Comment les trouver, où les trouver ? pour un travail de ¾ d’heure chaque jour ou deux fois une heure et demi par semaine ! Cela va toucher les centaines de petites communes rurales…en concurrence avec celles du tissu urbain qui recruteront plus facilement ce personnel indispensable. Ensuite comment organiser ce relais entre enseignants et animateurs ? Difficulté majeure de la réforme qui reste aujourd’hui sans grande réponse ! Il faut aussi régler en toute urgence la question ce la sortie après les activités et de définir les responsabilités de chacun.
Tout cela est complexe et mérite mieux que l’alignement de quelques lignes sur un site de campagne qui dénature la réflexion et les inquiétudes que cette réforme suscite à Fontenay et ailleurs dans toute la France !