Mirobole éditionspageseuros
Résumé :
Un dimanche matin, au milieu d’une session de thérapie collective organisée dans un ancien monastère en plein cœur de Varsovie, Henri Telak est retrouvé mort, une broche à rôtir plantée dans l’oeil. L’affaire atterrit sur le bureau du procureur Teodore Szacki, las de la bureaucratie inhérente à son poste et de sa vie de famille sans relief. Il rencontre Monika Grzelka, une reporter qui affiche un goût certain pour le flirt, et découvre le pouvoir effrayant de certaines méthodes thérapeutiques non conventionnelles basées sur les mises en scène. L’un des participants à cette session se serait-il laissé absorber par son rôle au point de tuer Telak ? L’enquête de Szacki fera resurgir un assassinat commis vingt ans plus tôt, avant la chute du communisme, et le mènera à des faits qui, pour sa propre sécurité, auraient mieux fait de rester oubliés.
L'avis de Dup :
Les découvertes "polardesques" des éditions Mirobole révèlent des surprises bien agréables. De plus elles me font voyager. Après Nid de guêpes, un polar danois, me voilà transplantée à Varsovie pour un polar polonais. Pour que l'immersion soit totale, Zygmunt Miloszewski démarre chaque chapitre par une brève des infos, un rappel des titres des principaux événements du jour concernant la Pologne et Varsovie plus particulièrement. Infos politiques, religieuses, sportives et qui s'achèvent par un bref bulletin météo. Nous sommes en juin 2005.Cela a beau être dimanche, le repas dominical du procureur Teodore Szacki est interrompu par son boulot. Il est appelé dans un ancien monastère en plein centre de Varsovie, par la découverte du cadavre d'un des participants à une psychothérapie de groupe. Le docteur Cezary Rudzki, adepte de la Constellation familiale, y dirigeait un séminaire se déroulant sur quelques jours.Si le psychothérapeute et les trois autres participants semblent être les principaux suspects, le procureur Szacki va approfondir son enquête. La liste des suspects s'incrémente alors des proches de la victime, et au final il se retrouve avec bien trop de monde sur cette liste. Chaque scénario qu'il explore est plausible, mais à chaque fois il manque la petite étincelle qui éclairerait l'évidence.Et Teodore Szacki rame dans son enquête comme il rame dans sa vie privée. Il n'a pourtant que trente-cinq ans, mais la fameuse crise de la quarantaine le frappe de plein fouet. Tout lui semble gris, terne. A l'image de sa ville, de sa météo maussade qu'on nous rappelle à chaque début de chapitre. A l'image de sa vie où il abhorre le vieux tee-shirt sans forme qu'affectionne sa femme pour dormir, où il a du mal à joindre les deux bouts avec son salaire de misère de fonctionnaire. Pour les besoins de l'enquête, il va devoir creuser dans le passé, dans l'histoire de son pays. Alors qu'il pensait vivre dans un pays libre, il va se rendre compte qu'en grattant un peu, les fondations communistes s'avèrent toujours présentes et leurs méthodes aussi : corruption, intimidations, menaces, et j'en passe...Avec une plume agréable l'auteur nous entraîne dans les rues de Varsovie, derrière son personnage principal. J'ai éprouvé beaucoup d'empathie pour cet homme profondément juste. Un homme qui malgré les mauvaises conditions de travail a foi en son métier. Un homme qui malgré tous ses doutes et toutes ses errances se pose les bonnes questions. L'enquête en elle-même est intéressante, la thérapie de la Constellation familiale est... euh, surprenante. Et elle le devient encore plus lorsque notre procureur va se l'approprier ! Mais elle existe vraiment, vient de Mr Hellinger, regardez plutôt ici : Wikipédia. Aussi bien l'intrigue que sa résolution sont ici originales.Bref, une lecture bien sympathique, sans temps mort mais pas non plus à un rythme effréné. J'ai été happée du début à la fin parce que c'est instructif, parce que c'est dépaysant, parce que tout simplement c'est un bon polar. A lire pour les amateurs du genre !