BD - Editions Delcourt - 128 pages - 16.95 €
Parution en mars 2008
L'histoire : En 1897, l'explorateur américain Robert Peary n'a pas encore réussi à planter son drapeau au Pôle Nord malgré l'aide de ceux qu'on appelle encore les Esquimaux. Histoire de ne pas rentré bredouille au pays, il ramène une famille de "sauvages polaires, dont le jeune Minik. Une fois en Amérique, cette famille va être le sujet de toutes les "attentions".... Curiosité, science....
Une histoire vraie, qui a encore des répercussions à notre époque.
Tentation : Pitch
Fournisseur : la bib'
Mon humble avis : Encore une BD ô combien instructive et passionnante !
Groenland Manhattan retrace l'histoire vraie d'un petit garçon Inuit sur une vingtaine d'années, à compter de 1897. Cette BD est donc aussi une leçon de la grande Histoire. Minik est emmené avec sa famille à New York par Robert Peary, qui, année après année, a bien du mal à planté la drapeau américain sur le Pôle Nord. Inutile de dire que Peary et les siens considèrent les Esquimaux comme des sous hommes, des primitifs, des inférieurs, des sauvages. Arrivés à New York, Minik et sa famille deviendront donc objet de curiosité malsaine tant de la part des citoyens que de la part de scientifiques : moqueries, mesures du crane etc... Bien entendu, le climat et les microbes newyorkais vont mettre à mal la famille Inuit. Recueilli par la famille du directeur de Muséum, Minik n'aura de cesse que de rentrer, un jour chez lui.
Bien sûr, l'étonnement est réel devant le confort, les lumières et les habitudes des américains, ce qui donnent quelques scènes qui pourraient prêter à sourire si nous n'étions pas dans un drame historique et hélàs toujours présent.
Cette supériorité des occidentaux est on ne peut plus détestable et ridicule dans les faits. Les américains ne montrent aucun respect pour les coutumes Inuit. D'ailleurs, ils considèrent ce peuple comme inculte, sans culture, sans art etc... Mais ne tarde pas à emplir leur musée d'objets divers et variés venant du grand nord.... Ainsi que des squelettes Inuit, dont celui du père de Minik. Cette découverte rendra Minik fou de rage et de tristesse. Pour la petite histoire, sachez qu'après qu'un décret soit voté, ces squelettes ont été rendu à leur terre et leur peuple cent ans plus tard, et on pu ainsi bénéficier de tombes dignes de ce nom.
Groenland Manhattan est une BD sur le déracinement. Malgré les années passées à New York, Minik sera toujours "l'indien" ou "l'esquimaux" ou le sauvage. Et une fois rentré chez lui, il sera l'américain.... Donc toujours l'étranger, où qu'il aille. C'était vrai il y a 100 ans, et hélas, force est de constaté que pour les exilés, c'est trop souvent encore vrai.
Cette BD est tout simplement magnifique, et peut être lu par un public non adulte (bon, pas à 3 ans non plus), mais je pense que vers 10 ans, un enfant se trouvera enrichi de cette histoire et s'ouvrira à une prise de conscience qui sa vie ne lui donne peut-être pas.
Juste un petit bémol concernant les dessins. Même s'ils sont globalement splendides (paysages, rendu d'atmosphère et d'époque), il m'a fallu un certain temps pour situer des personnages ou les reconnaitre.
A noter, une post face très intéressante également avec des données historiques et des explications sur les enquêtes menées pour aboutir à cette BD.