Plaidoyer pour la mondialisation, de Johan Norberg
Publié Par Johan Rivalland, le 18 novembre 2013 dans LectureParu début 2004, Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste m’a particulièrement marqué il y a donc maintenant presque 10 ans. Face à la désinformation ambiante, une argumentation efficace qui n’a en rien perdu de son acuité.
Par Johan Rivalland.
Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste, même dix ans après sa parution, demeure un essai d’importance, fort bien documenté, qui fourmille de statistiques, sans que l’usage en soit rébarbatif, ne venant là que pour étayer une argumentation limpide et abordable à tout un chacun. Une mine d’informations, qui a pour mérite de démonter un grand nombre de croyances ou d’idées fausses.L’auteur, qui se dit consterné et même choqué par des manifestants ou politiques des pays riches souvent plus prompts à défendre l’isolement économique que le libre-échange montre que, loin de pénaliser les plus pauvres, la mondialisation a permis au cours des dernières décennies une élévation très sensible du revenu moyen des habitants de la planète (en dollars constants ajustés selon la parité du pouvoir d’achat).
Les 20% les plus pauvres ont même vu ce revenu plus que doubler depuis 1965. Et, situation unique dans l’histoire, 3 milliards de personnes sont sorties de la pauvreté au cours du dernier demi-siècle.
Finalement, seuls les pays repliés sur eux-mêmes ou subissant une dictature politique n’ont pu profiter de cette évolution favorable. Dans ces pays, les droits fondamentaux de la personne ne sont nullement respectés.
Or, grâce au commerce et au libre-échange, le nombre de ces pays est en très fort recul et la démocratie ne cesse de progresser.
C’est le commerce qui permet de pacifier les relations entre Etats, puis d’amener la démocratie et la liberté, et non l’inverse.
Johan Norberg développe ainsi un grand nombre d’arguments, qui sont insuffisamment écoutés ou plus simplement connus en France en particulier, où ce sont toujours les représentants des mêmes idées qui sont les invités des plateaux de télévision et où on laisse peu de place à une réflexion soutenue, mais bien plutôt aux assertions « généreuses » et généralement invérifiables.
Les arguments fallacieux des « alter mondialistes » sont ainsi battus en brèche, grâce à un vrai travail de recherche, basé sur des statistiques officielles et donc tout à fait vérifiables, dont la convergence est sans équivoque.
De la soi-disant croissance des inégalités aux méfaits du capitalisme en général et du libéralisme en particulier, en passant par les théories fumeuses de la dépendance ou de la protection des industries naissantes, le rôle contesté et contestable du FMI et de la Banque mondiale, sans oublier l’utopie de la révolution verte et ses relents ultra protectionnistes, et encore bien d’autres idées à la mode, l’auteur suédois argumente patiemment point par point, se basant systématiquement sur des faits et des éléments chiffrés et ne reculant devant aucun sujet, à l’image de celui, sensible, du travail des enfants, qui apporte aussi son lot de surprises.
On y apprend même que l’OMS, en consacrant moins de 20% de son budget annuel pour prévenir des maladies telles que la malaria ou la tuberculose, dont meurent 11 millions de personnes chaque année, pourrait éviter cette hécatombe effroyable et, qu’au lieu de cela, elle préfère organiser des conférences dans les pays riches pour promouvoir les ceintures de sécurité ou lutter contre le tabagisme.
A l’inverse, un Bill Gates tant décrié donne à lui seul plus d’argent à la lutte contre les maladies dans les PED que le gouvernement fédéral américain, ce qui représentait en 2000 le quart de ce que les pays industrialisés ont pu y consacrer.
Et que penser de tout ces débats généreux et extrêmement simplificateurs sur l’aide à ces pays ou l’annulation de la dette des pays les plus endettés lorsque Johan Norberg nous en démontre les méfaits ?
Une simple anecdote, à elle seule, en dit long là encore : On estimait, à l’époque de la parution de ce livre, la fortune personnelle amassée par Fidel Castro grâce à l’aide au développement à 1 milliard de dollars ! Lorsqu’on connaît la situation économique de Cuba, ceci laisse songeur… et ce n’est malheureusement qu’un exemple parmi tant d’autres.
En conclusion, cet ouvrage constituait, et constitue toujours, une leçon pour tous ceux qui, sans complexe, se font les véhicules de tant d’affirmations faciles et non vérifiées. Et une somme d’informations très précieuse pour tous ceux qui entendent au contraire ramener le monde à plus de raison.
— Johan Norberg, Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste, Plon, janvier 2004, 271 pages.
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