Chéri a un ami qui habite un plat pays du Nord où il pleut tout le temps, où il fait froid et où les gens ont un accent super chelou : la Belgique.
Ami qui, en plus d'être Belge, est super sympa (ou peut être est-ce l'inverse ?)
On ne le voit pas souvent mais la semaine dernière, il est venu passer quelques jours avec nous.
Pour marquer le coup le premier soir, Chéri lui a fait l'honneur de lui mettre les petits plats dans les grands et il a cuisiné. Si si. Il lui a fait sa spécialité : des spaghettis à l'huile d'olive, basilic et parmesan.
J'ai insisté pour qu'on ne mette pas du sopalin mais des serviettes, et qu'on ne serve pas le parmesan directement dans l'emballage plastique (explosé au couteau).
On a mangé, on a rigolé, on s'est pris en photo avec des chapeaux ridicules, on s'est menacé pour du faux de les mettre sur Facebook. Bref, on a passé une bien bonne soirée.
L'Ami a tellement aimé que le lendemain, il nous a invité au restaurant pour nous remercier.
Il a choisi "Le Petit Nice".
Euh, allo ?
Le Petit Nice de Gérald Passedat ?
Un 3 étoiles au Guide Michelin ?
Un des plus réputé de la région ?
Genre le truc dont les gens parlent mais que tu sais très bien que tu n'iras jamais ?
Genre le truc qui explose MasterChef, TopChef, MégaChef et SuperChef réuni ?
Gênée de sa proposition, ma première réaction a été de dire "Noooooon! Pas le Petit Nice ! Viens on va plutôt à l'hippopotamus."
Puis devant son instance, j'ai dit "bon ok, alors mais je paie ma part"
C'était normal qu'il invite Chéri, mais il n'a pas à se coltiner l'addition du boulet (je mange beaucoup).
Puis, je suis allée voir sur Internet (Whaoooooou comment c'est trop beauuuuuuuu) et j'avais beau farfouiller dans chaque recoin du site, impossible de trouver un seul menu à moins de 190€ (sans vin)
Hum.
Du coup, lâchement, je n'ai plus rien dit tout en priant tous les saints qu'il ne reviendrait pas sur le fait que je proposais de payer ma part.
Le soir même, j'étais dans un niveau de stress incommensurable.
Parce que la question, la vraie question qui m'a turlupiné toute la journée, c'était : MAIS COMMENT JE VAIS M'HABILLER POUR MANGER AU PETIT NICE BORDEL ?
J'ai décidé que la réponse de Chéri "Habille toi un peu pute non?" n'était pas une réponse valable et j'ai décidé de me débrouiller par moi même.
Bien ... Genre déjà je peux pas y aller en H&M.
Déjà ça, c'est no-way.
J'ai mis au moins 1h à essayer toutes les robes de ma penderie avant d'opter pour une robe noire bustier. La petite robe noire. LA pièce d'une penderie qui sauve la vie (C'est du Etam mais personne ne le saura jamais. JAMAIS).
Brushing, Smoky Eyes et Little Black Dress.
Hello Gérald, j'arrive.
Le Bouledogue m'a sauté dessus quand j'ai mis ma veste parce qu'il croyait qu'on partait faire une promenade au parc.
La nuit, en robe de soirée et maquillée comme un camion volé ?
Je l'aime à la folie mais manifestement, il ne faut pas trop lui en demander, il reste un chien.
Dans son enthousiasme, il a accroché mes collants. Restons ZEN.
Comme j'étais dans la chambre pour changer de collants, j'ai hésité à changer de robe (L'élastique du bustier me faisait des petits bourrelets au dessus du sein #sosex).
Et pourquoi pas mon pull décolté dans le dos et une jupe finalement ?
NON. On y va.
Le soir, ça donne ça ...
Dès qu'on a été installés, j'ai essayé d'adopter une attitude corporelle détendue signifiant "j'ai complétement l'habitude d'être dans des endroits aussi chics, je ne suis pas du tout mal à l'aise, je n'ai pas peur de faire une boulette de bienscéance, faire honte à Chéri, qu'il me quitte comme une vieille chaussette et de finir le reste de ma vie seule à manger des boites pour chien avec le Bouledogue".
En gros, ça consistait à me tenir droite, la tête légérement penchée sur le côté et à sourire bêtement (j'ai du rater quelques cours en body-language)
Dès l'apéritif, j'ai tenté de prendre les plats en Instagram et les mettre sur Facebook mais j'avais un peu honte.
Les gens ne peuvent pas savoir que je suis blogueuse et que si je fais ça, ce n'est pas parce que je suis folle, mais parce que je me dois de TRANSMETTRE à mon lectorat. "D'ailleurs, garçon, où est Gérald ? Je voudrais l'interwiever pour CET ..."
Quand Chéri et l'Ami ont sortis leurs portables et qu'ils ont commencé à se photographier alors qu'ils n'ont même pas l'excuse d'être blogueurs, je n'ai plus eu aucune honte et j'ai mitraillé toute la poiscaille qu'on m'a posé sous le nez.
Oui parce que chez Gérald, si t'aimes pas la poiscaille t'es mort.
Et moi j'adore la poiscaille, j'adore l'Ami, j'adore Gérald, j'adore Chéri, je ne suis qu'amour pour le monde (le vin était bon)
Tu veux savoir ce que j'ai mangé ?
Allez viens.
Au salon du bar, nous prenons l'apéritif qui donne le ton de la soirée. Champagne rosé, beignets de poisson et petite salade en cuillère...
Puis nous passons à table...
Histoire de nous "mettre en bouche", le chef nous propose une dégustation d'huile d'Olive de Toscane. Personnellement, ce n'est pas la meilleure huile d'Olive que j'ai pu goûter et elle ne remplace pas dans mon coeur celle du Château Grand Brahis des Baux de Provence (pour l'instant indétrônable)
Après l'huile d'Olive, c'est un "avant-gout" composé de tomate physalis, poisson cru et mousse de légumes. Délicieux et très prometteur.
Nous enchaînons avec un assortiment de poissons crus sur un petit lit de poireaux. Au centre de l'assiette, une petite salade surmontée d'écume et entourée de mousse de betterave. Pour finir, on déguste un coulis de poivron. Un plat intéressant mais qui ne m'a pas spécialement emballée...
Le Loup de Palangre Lucie Passedat est un hommage du chef à sa grand-mère et c'est un des plats les plus raffinés qu'il m'est été donné de manger dans ma vie. Les odeurs qui se dégagent aussitôt la cloche relevée égalent les saveurs ... Un pur ravissement pour les yeux, les narines et les papilles.
Première fois également que je goûtais de la truffe... Je suis conquise !
Gros coup de coeur pour ce plat extraordinaire.
Difficile d'enchainer après le Loup Lucie Passedat tant le précédent plat m'a régalé... La daurade qui suit est néanmoins excellente, j'ai un peu moins aimé la farce, ainsi que le riz aux seiches servi à part... L'ensemble reste très agréable. Sans plus.
Gros coup de coeur pour ce plat également.
Le beignet d'anémone réussi l'exploit de n'être absolument pas gras et même raffiné... Quant à l'oncteux iodé, il s'agit d'un lait mousseux au caviar et d'un petit bouillon de cresson et de coquillages, aux saveurs et textures étonnantes. Délicieux.
Nous arrivons au dernier plat avant le fromage ... Une mini-bouillabaise, autrement appellé "Bouillon de pêche safrané" ... Poissons excellents, bouillon également ... Rien à redire. Tout était parfait.
A ce stade du repas, je n'avais déjà plus faim depuis belle lurette ... Et mon estomac me criait d'arrêter ... Jusqu'à ce que le serveur apporte le plus incroyables des plateaux de fromage ... (je pourrais tuer pour du fromage)...
Chéri m'a fait rire (ou honte je ne sais plus) quand il a demandé s'il y avait pas du Kiri. Ca a beaucoup amusé le couple d'à côté qui a du échanger 3 mots pendant le repas et qui visiblement aurait tout donné pour être à la seule table qui riait : la nôtre.
Il n'y avait pas de Kiri donc mais un comté affiné 40 mois et tommes de chèvres à se damner qui me font encore saliver, rien qu'en y repensant.
Les petits pains maison servis tout au long du repas étaient également excellents.
Histoire de préparer notre palais au sucré, on nous propose maintenant une "avant douceur"... Un roulé au citron fourré à la myrtille sur un coulis de rose et d'hibiscus. Si la texture du roulé ne m'a pas transporté plus que ça, le coulis quant à lui était divin...
Si certains se passent facilement de desert, il est pour moi LE moment indispensable de tout bon repas ... Il n'est d'ailleurs pas rare que je regarde la carte des desserts avant tout ... La chrysalide de caramel au chocolat tient ses promesses gourmandes avec ces petits cylindres crousti-fondants et ce soufflé au chocolat pour lequels j'ai poussé des "hummmmm" à chaque bouchée ...
Nous sommes ensuite retournés au bar pour savourer les mignardises ... Nous y avons croisé le chef et son bouledogue français et nous sommes ensuite rentrés, repûs, non sans avoir été delestés d'une somme que je ne connais pas mais qui est clairement indécente.
Petit bonus :
Tu kiffes cette pose lancinante adossée à la porte des toilettes du restaurant ?
Tu sais ce que c'est ?
Un truc qui envoie de l'eau pour te nettoyer les fesses aux toilettes. (Je n'ai pas essayé)(je suis le genre de nana avec ui ce genre d'expérience tourne mal, en général)
Mais c'est pas le truc le plus dingue... Le truc que tu n'imagines même pas c'est que la cuvette des toilettes est CHAUFFEE. Si bien que t'as pas froid aux fesses quand tu t'assoies pour faire pipi. Si ça c'est pas ouf.
Bref, donc pour conclure, j'ai été séduite par ce restaurant... La cuisine est délicieuse et le cadre exceptionnel.
Cela dit, seul le Loup Lucie Passedat m'a scotchée sur ma chaise. Suivi de près par l'Anémone de mer et l'onctueux iodé. J'en salive encore ...
Les autres plats sont bien sur parfaits, raffinés et recherchés ... mais, même si je n'ai rien à y redire, ils ne me laisseront pas un souvenir gustatif impérissable.
Très bon donc, mais aussi très cher (excessif selon moi)... Sans cette invitation, je n'y serai, par principe, jamais allée de moi même et je n'y retournerai pas de si tôt (ce n'est pas vraiment le genre d'endroit où je suis à l'aise)... Par contre, je suis tout de même ravie d'avoir eu la possibilité de découvrir la cuisine 3 étoiles.
(PS : Contrairement aux clichés, non on a pas faim en sortant de là ... Perso après 6 plats salés, du fromage et 3 desserts, je n'ai plus faim)
Et toi, tu as déjà mangé dans un étoilé ?
un petit plaisir ces derniers temps ?
Un bon resto ?
Un coup de coeur gourmand ?