Je vous rassure pour ceux qui auront quelques doutes en lisant le titre de mon article : non, je n'ai pas viré (encore?) totalement schizophrène, et jusqu'à présent, il ne m'est pas arrivé d'adorer un film que je detesterais en même temps.
Il se trouve que j'ai vu la semaine passée "Un Chateau en Italie", le nouveau film de Valéria Bruni Tedeschi, sélectionné en sélection officielle au Festival de Cannes, et que malheureusement, le film que je pensais être fait pour me plaire, m'a, au bout du compte, profondément agacé et ennuyé...
Mais ennuyé, je l'étais d'autant plus que j'aurais aimé défendre ce film (distibué par Ad Vitam une société que j'aime beaucoup)surtout que je savais que mon collègue de blog, Michel, alias le chroniqueur masqué, avait vu le film deux jours avant moi et l'avait, de son coté, beaucoup apprécié.
Du coup, je lui ai demandé de contrebalancer ma chronique pleine de fiel en donnant sa vision plus positive du film, un peu (beaucoup?) à la manière de la fameuse rubrique "Pour et Contre" de Télérama, rubrique que j'ai toujours adoré depuis que je suis tout petit (même si elle n'est plus vraiment aussi explosive et marquante qu'elle ne l'était il y a 20 ans, tout fout le camp, mon pov' monsieur).
Et en plus comme Michel, contrairement à moi, sait faire court dans ses chroniques ciné, ca m'a obligé à faire de même et tailler dans le gras... Comme ca, vous aussi, vous êtes gagnant...sympa, non? :o)
Et puis, deux chroniques divergentes, ca ne peut que vous donner envie d'y aller dans les salles (enfin celles qui le joue encore), afin de vous faire votre propre opinion, n'est ce pas?
1. Pourquoi Michel aime bien ce Chateau en Italie....
Une fois n’est pas coutume, le zélé chroniqueur masqué va prendre la défense d’une pauvre femme riche.
Issue de la très,très grande bourgeoisie turinoise, Valérie Bruni-Tedeschi a grandi dans une famille progressiste, ce qui lui a permis d’aiguiser son sens critique, et une solide éducation catholique a fossilisé chez elle la culpabilité de la richesse : bref, elle est blindée, mais elle veut qu’on lui pardonne.
Pour cela elle a décidé de faire l’actrice dans des films à sensibilité de gauche avec Romain Goupil, Patrice Chéreau ou Nanni Moretti et de tourner des autofictions qui dégomment son milieu : « il est plus facile pour un chameau », « Actrices », et bien sur « un château en Italie » son film le plus masochiste.
Dans ce film sur la fin d’un monde, la fin d’un règne, à aucun moment, il n’y a de l’auto complaisance. L’héroïne et son frère, derniers héritiers de la famille sont montrés dans leur réalité la plus crue : ce sont des enfants gâtés immatures et têtes à claques. Bons acteurs, chouettes seconds rôles :vive Marie Rivière, vive André Wilms, bon scénario, belle photo, et plein de scènes réussies à se souvenir, dont celles, irréstistibles, où l'on surprend les gens de maison qui jugent et "daubent" sur la famille.
On accorde donc notre pardon à Valérie Bruni-Tedeschi et espérons que sa culpabilité Judéo-chrétienne l’inspire pour d’autres bons films de ce genre.
2....et moi beaucoup moins :
"Enfant gâtes immatures et tête à claques, tu ne crois pas si bien dire, mon cher Michel,: on explose de rire lorsqu' un notaire (joué fort mal par un acteur qu'on ne devrait plus jamais voir sur grand écran) qui menace la famille d'un possible contrôle fiscal pour causes de malversations financières, on décide à la dernière minute de ne plus vendre un Brughel lors d'une vente aux enchères, on joue avec sa bouffe d'hôpital, on va donner de la soupe une fois par semaine à la soupe populaire juste pour se donner bonne conscience, on se plaint de ses petits bobos aux yeux alors qu'on vient d'apprendre que son interlocuteur a le SIDA, on jette des billets de 50 euros d'un air dédaigneux à un ami de la famille désoeuvré (et quand même vaguement parasite), bref tous les personnages de ce chateau en Italie ne sont pas vraiment des modèles de simplicité et d'humilité.
Mais cela ne m'autait pas autant géné si Valéria Bruni Tedeschi ne donnait pas l'impression de ne faire son film que pour elle ou du moins, pour un certain microcosme parisien qui l'adore. Le film donne en effet le sentiment de ne jamais vouloir nous inviter à entrer dans ce cerle fermé, où l'on multiplie les privates jokes (Louis Garrel y régle notamment ses comptes avec Xavier Dolan) et les préoccupations narcissiques de tout poil.
Dans cet ennuyeux "chateau en Italie", on parle certes de sujets très graves (deuil, maladie, désoeuvrement et grande précarité., FIV, fausse couche..) mais on le fait avec une telle propension au nombrilisme et au verbiage, que le film, qui se voudrait intelligent, libre, audacieux ne m'a finalement semblé que totalement vain, vaguement agaçant, et se contente (sauf en quelques rares scènes, comme celles avec Xavier Beauvois qui apporte un contrepoids bienvenu) d'aligner des scènes vaguement décalées et le plus souvent anecdoctiques.
Un film qui nous donne la facheuse impression de jouer tout seul, et de ne pas vouloir nous inviter à entrer dans le cercle... Facheux, n'est ce pas?
UN CHATEAU EN ITALIE - Bande-annonce VF
Et vous, vous avez vu le film? Et alors, vous êtes plus du côté Michel ou du mien?
comédie dramatique
Un film de Valeria Bruni Tedeschi
avec Valeria Bruni Tedeschi, Louis Garrel, Filippo Timi, Marisa Borini, Xavier Beauvois, Céline Sallette, André Wilms
Une femme rencontre un homme. Ses rêves resurgissent. C'est aussi l'histoire de son frère, malade, et de leur mère, d'un destin : celui d'une grande famille de la bourgeoisie industrielle italienne. L'histoire d'une famille qui se désagrège, d'un monde qui se termine, et d'un amour qui commence." itemprop="description" />