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La Vénus à la fourrure, film de Roman Polanski

Par Mpbernet

18 novembre 2013

« La femme, telle que la nature l'a faite, et telle qu'elle attire l'homme de nos jours, est son ennemie et ne saurait être que son esclave ou bien son tyran, mais jamais sa compagne. Cela, elle ne pourra l'être que lorsqu'elle sera son égale en droits, son égale aussi par son éducation et par son travail ». Ainsi s’exprime Léopold von Sacher-Masoch, l’auteur du livre fondateur du sado-masochisme publié en 1870.

confrontation

Féministe avant l’heure, l'"inventeur" de la SM ? Pourquoi pas !

Le film de Roman Polanski nous instruit de cette œuvre importante de la littérature européenne. La construction du film est un classique du cinéma : le théâtre dans le théâtre. C’est un huis-clos étouffant entre deux personnages : l’adaptateur du roman éponyme – un brin falot - et une femme qui se prétend comédienne, et auditionne pour le rôle de Vanda, l’héroïne du roman de Sacher-Masoch. Unité de temps, de lieu, d'action : les trois fondements de la tragédie classique.

Vulgaire, primaire, provocante, puis superbe, savante, créative, élégante, dominatrice enfin, c’est Vanda qui prend les rênes … Le pauvre metteur en scène ne sait plus à quoi s’en tenir. Il tombe sous l’emprise de cette femme, il devient Séverin, l’esclave consentant de Vanda, il est aussi Roman Polanski auquel il ressemble physiquement. Qu’on se souvienne des premiers films de l’auteur franco-polonais : Répulsion, Rosemary’s Baby, le Bal des Vampires … et sa prédilection pour les atmosphères kafkaïennes, perverses et lourdes … sans oublier les pointes d’humour, toujours noir, naturellement. On joue à tout instant sur l’ambiguïté, l’ambivalence de chacun des personnages. La performance des deux acteurs touche au prodige. Mathieu Amalric, coincé, mal dans sa peau, soumis et pétochard … et surtout, Emmanuelle Seigner, superbe, lascive, impérieuse, enjôleuse, cruelle …. un rôle en or offert par son mari, qui la magnifie. Un acte d'amour, de vénération.

trois portagonistes

Jusqu’à la scène finale, un peu grandguignolesque à mon goût, où la femme se dévoile – au sens propre – en une danse initiatique avec au visage un masque de baccante évoquant clairement les  anciens grecs et où l’on déduit que Vanda, en réalité, est la réincarnation d’Aphrodite ou de Vénus …


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