L’ examen de la cotation officielle de la monnaie nationale par rapport à l’euro et au dollar sur ces cinq dernières années révèle, certes, une variation, mais
qui reste loin de la dégringolade que certains analystes ont cru déceler dans la précipitation.
La Banque centrale restitue d’ailleurs les faits en rappelant que les cours maximum de l’euro ont déjà atteint des pics de 109 DA en 2009, de 108 DA en
2010 et près de 107 DA en 2011 et 2012, contre environ 112 DA au cours des dernières semaines et de nouveau 109 DA actuellement.
À l’évidence, le dinar est resté dans la même fourchette, ces cinq dernières années. Même graphique pour le dollar, coté à un peu plus de 81 DA, son cours a
atteint 82 DA en 2012. Que faut-il comprendre de cette tempête créée dans un verre d’eau par des visions pessimistes, qui prédisent un coup de massue pour le pouvoir d’achat des Algériens lié
directement à ce glissement du dinar, alors que toutes les analyses expliquent cette inflation par trois paramètres qui ont prouvé leur pertinence depuis longtemps : l’arrivée brutale d’une
masse d’argent dans la sphère de la consommation, grâce à une augmentation des revenus de la quasi-totalité des ménages ,la déstructuration du marché par une spéculation qui s’infiltre dans
toutes les sphères de la production créant un tampon entre le producteur et le consommateur et enfin les faibles performances d’un tissu de PME qu’aggrave, par ailleurs, son faible ancrage
non seulement par son nombre (à peine 700.000 alors qu’il en faudrait plus de 1,5 million), mais aussi par sa qualité managériale où les liens du sang (le frère, la sœur, le fils ou le
beau-frère) tiennent les rênes de la gestion quand la raison de l’efficience commande de déléguer le travail aux compétences techniques.
Bien sûr, inutile de revenir sur ce lien très aléatoire qui tend à enchaîner cette «dérive» de la monnaie à la faiblesse de l’économie par le fait même que la
croissance du PIB est supérieure à 3%, consolidée par des réserves de changes qui dépassent les 180 milliards de dollars au moment où la dette extérieure est quasi nulle. On est très
loin du schéma catastrophe des années 1990 quand le service de la dette en avalant tous nos revenus nous a jeté sous les fourches caudines du FMI avec les conséquences que l’on sait ,
notamment une dévaluation de 40% de la valeur du dinar.
Aujourd’hui, un dinar bahreïni vaut plus du double du dollar américain, le dinar koweïtien le triple et pour notre cas, le dinar algérien vaut plus que le yen
japonais, cela signifie-il que ces économies sont supérieures dans la même proportion aux monnaies de comparaison ?
Cela dit, il faut reconnaître que les produits importés vont subir l’onde de choc de cette dépréciation, mais les produits de première nécessité, dont les
prix sont soutenus par l’État, échapperont à cette vague, à moins que les spéculateurs ne profitent de cet écran pour surfer sur le lit de l’argent rapide et facile.
On importe pour 60 milliards de dollars et la facture alimentaire devrait atteindre les 10 milliards de dollars, dispose-t-on d’un niveau de production
nationale et de valeur en exportation pour s’offrir ce luxe qui ne cesse de prendre de l’ampleur ? (Il y a à peine une décennie on importait pour 10 milliards de dollars).
Il est plus que jamais d’actualité d’élargir cet amour du drapeau à des espaces autrement plus producteurs de valeurs ajoutées en enclenchant un sursaut
patriotique, citoyen dans la production.
L’homme d’affaires et l’opérateur sont souvent tentés d’arrêter leur chaîne de fabrication pour l’acte d’importation plus facile, plus rémunérateur et
moins contraignant. Conscients de cette réalité, les pouvoirs publics tentent de faciliter, d’accompagner, d’aider à la création de PME… ce pas en avant devrait être suivi par le monde de
l’industrie qui a tout à gagner de ce deal en fructifiant le dinar intra-muros et en empêchant sa dépréciation continue par des opérations (qui ont pris une ampleur phénoménale ces derniers
temps) de transfert illicite de capitaux vers l’étranger.
M. Koursi
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