Nous déjeunons assez tôt ce matin avec Stefano, à l'Ostello où le petit déjeuner se fait en "self service". Mais les vivres sont nombreux et je peux faire le plein d'énergie pour aborder cette journée qui doit me voir passer le fameux passo della Ciza, qui marque dans les Appenins la limite entre l'Emilie Romagne et la Toscane. Une étape assez courte sur le papier, 39 kms, mais qui promet un bon dénivelé.
Et c'est justement du papier en question que nous cherchons ensuite: impossible de remettre la main sur la carte "via Francigena en Toscane" dont nous pensions bien nous servir car elle est détaillée et pratique et que nous avions consulté hier soir. Après moultes recherches, nous abandonnons. Le chasseur qui logeait aussi dans l'auberge hier soir a dû l'embarquer. ..
Je ne pars donc que sous les coups de 9 heures. Il ne fait pas très froid mais le brouillard recouvre la montagne. Je cours dans une purée de pois qui ne laisse rien aux panoramas.
L'humidité a laissé une pellicule glissante sur les pierres et je dois y prendre garde dans les descentes. Le parcours décrit des montagnes russes et du coup je n'avance pas très vite. Sur les rares carrefours avec la route, je rencontre Stefano, qui m'encourage et tente de prendre quelques clichés malgré le brouillard.
Néanmoins, je finis par atteindre le petit sommet à 1200 mètres d'altitude qui domine le passo della Cisa, le passage clé du jour qui marque le passage de l'Emilie Romagne à la Toscane. Stefano m'accompagne lors des derniers kilomètres et nous profitons du café du col pour nous restaurer. J'en ai bien besoin car depuis un moment, j'accuse un peu le coup. La fatigue est là et la fringale pas loin. Je me délecte d'un bon plateau de fromage et d'un plat de pâtes. Le Parmesan (produit par des vaches qu'on ne voit jamais dans la plaine du Po, Nicolas m'a expliqué que faute de place elles étaient toujours à l'étable) est le bienvenu!
Un peu revigoré, je repars dans le brouillard après avoir passé la porte toute symbolique qui marque l'entrée en Toscane.
Le sentier continue sur le même mode que ce matin: montagnes russes en sous-bois, ponctuées par quelques passages dans de beaux villages. Le soleil ne perce pas les nuages mais il fait un peu plus clair. Le parcours est aussi bien mieux balisé.
Cependant, après un bon passage, je recommence à fatiguer. Sur ces tous petits sentiers étroits et techniques, je ne cours presque pas et remonter puis descendre et ainsi de suite des petits dénivelés de 50 à 100 mètres m use un peu. Je ne grignote la carte que lentement.
Finalement, seuls les quatre derniers kilomètres délivrent une descente plus franche, mais dans laquelle je dois encore prendre garde à mes appuis. Juste avant, je peux tout de même savourer un panorama presque dégagé sur les montagnes.
Je dévale ainsi, les jambes bien fatiguées tout de même, jusqu'à la très belle ville fortifiée de Pontremolli, où je retrouve Stefano. Ce soir, après un dîner dans un restaurant délivrant les spécialité locale, nous dormons tout en haut de la vieille ville, au coeur du château fort.
Mais j'espère surtout que cette nuit sera restauratrice car le parcours aujourd'hui m'a fatigué et que les deuc prochaines étapes s'annoncent très longues. Il va falloir les gérer pour garder du plaisir et continuer sereinement mon chemin.