Il y avait la forêt, la grande forêt profonde.
Il y avait des champs et des prairies, dans la chaleur de l’été.
Il y avait des fermes, rien que des fermes, qui avaient fini par former un village.
Il y avait une rivière, qui sautait sur les cailloux.
Il y avait un pont avec deux arches, d’où je regardais passer l’eau.
Il y avait le long de la berge, des arbres centenaires qui avaient toujours été là.
Il y avait le vent dans leurs branches et ce chant que je n’ai jamais oublié.
Il y avait l’église et son vieux cimetière, au centre de tout.
Il y avait un jardin devant l’épicerie, avec des centaines de papillons volant de fleur en fleur.
Il y avait une fille de mon âge dont le corsage entrouvert m’intriguait beaucoup.
Il y avait un vieux cheval qui s’en allait débarder aux bois.
Il y avait des nuits noires avec des milliers d’étoiles.
Il y avait la lune, parfois, qui faisait luire les toits d’ardoise.
Il y avait dans la forêt des sentiers mystérieux qui menaient vers l’inconnu.
Il y avait des bêtes furtives, qu’on entendait parfois.
Il y avait toujours dans la boue la trace de leurs pas.
Il y avait en automne, le brame des cerfs qui résonnait dans les lointains.
Il y avait la forêt, la grande forêt profonde.
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