SOCIÉTÉ > 5ème édition de la "Journée de la gentillesse" : y-a-t-il du mal à être gentil ?

Publié le 13 novembre 2013 par Fab @fabrice_gil

"Il est gentil" et/ou "elle est bien gentille"… étrange de constater combien cet adjectif se pourvoit d’une connotation péjorative. Par "gentil", on peut comprendre niais, faiblard, sans caractère, voire dénué d’intelligence, de conviction, de sens critique. Pourtant, la gentillesse non feinte constitue une vertu plus qu’honorable à qui veut bien l’entendre.
Tous les ans, depuis cinq ans la "Journée de la gentillesse" clôture une semaine de débats, conférences, enquêtes, à l'initiative du magazine Psychologie. Lancée par le World Kindness Movement (Mouvement mondial pour la gentillesse), l’association organise à l’échelle mondiale, une action visant à sensibiliser les individus de bonne et mauvaise volonté.
Une étude* menée auprès de 175 japonais a démontré, par le biais de questionnaires, que la gentillesse se doit d’être une motivation, un comportement, une pratique quotidienne. Les participants, invités à décrire les dix évènements récents qui leur ont procuré une émotion intense, source de stress ou au contraire de satisfaction, ont donné leur impression de bien-être personnel, évaluée selon une échelle subjective :- ceux qui se sentent heureux (81 pers.)- ceux qui le sont moins (94)Les individus "les plus gentils" au quotidien, en termes de motivation, comportement et pratique quotidienne, sont ceux qui s’estiment les plus heureux dans la vie. Ils vivent pleinement les évènements liés au bonheur et jugent ces expériences plus intenses que les personnes moins gentilles et moins heureuses.
D’autres études sérieuses prouvent scientifiquement que la bonté a des effets positifs sur la production de sérotonine dans notre cerveau. Elle est un neurotransmetteur qui équilibre les émotions et dont la carence entraîne l’anxiété, l’angoisse, voire la dépression. Le rôle de la plupart des antidépresseurs joue comme stimulant chimique dans la production de cette sérotonine, afin d’apaiser les symptômes du "cafard". Un simple geste de bonté stimule, donc, la production de cette substance, non seulement chez les personnes qui agissent comme tel, mais également chez celle qui en bénéficie. Plus surprenant encore : le même phénomène se produit chez les personnes qui en sont témoins. La bonté, en tant que bénéficiaire, auteur ou simple observateur, exerce un impact bénéfique et salvateur sur l’humeur de tous ceux qu’elle touche.
Logiquement, si la gentillesse rend plus heureux, moins dépressif et moins stressé, elle devrait également améliorer le jugement que nous portons sur nous-mêmes. Afin de le vérifier, une psychologue de l’université de Stanford a scindé en deux, un groupe d’étudiants durant dix semaines, incitant une de ces moitiés à agir de façon altruiste : faire la vaisselle, aider à cuisiner, tenir la porte etc. Il s’est avéré qu’au-delà de ces 10 semaines d’expertises, ceux qui avait pratiqué régulièrement des gestes gentils se sentaient de meilleures humeurs et conservaient une meilleure image d’eux-mêmes que ceux qui n’en avaient pratiqué aucun.
Méfions-nous enfin des faux-gentils qui s’obligent à être en "dissonance émotionnelle" avec eux-mêmes, c'est-à-dire d’être aimable quel que soit l’interlocuteur. L’expression populaire, "faire prendre des vessies pour des lanternes" révèle cyniquement ce trait de caractère. Par son côté proche du mensonge, l’hypocrisie est le contraire de la sincérité, qui exprime fidèlement et avec bonté des sentiments, des pensées. Un état de fait qui ne souffre d’aucune confusion avec l’honnêteté qui, au sens strict du terme, est une tendance à exprimer sans dissimulation ses sentiments et pensées. Sous cet aspect, la gentillesse devient la forme la plus aboutie et la plus efficace de la malice.
De moins en moins valorisée,  la gentillesse s’affiche comme naïve sous le regard d’un monde trop empêtré d’individualisme et d’égoïsme. Cessons -au moins durant 24h- d’être moche et méchant, soyons gentil…  F/G
*étude extraite du livre Happy People Become Happier through Kindness: A Counting Kindnesses