Ce roman est aussi et surtout une nouvelle expérience de lecture. Si d'ordinaire, les descriptions font appel à notre imagination visuelle, ici c'est l'odorat qui est excité. C'est original et tellement agréable.
Je suis férue de parfums. J'adore entrer dans les parfumeries et inhaler des odeurs si bien que quand le romancier évoque le n°5 de Chanel, L'heure bleue de Guerlain, et tant d'autres fragrances: je sais ces odeurs, je les sens. Comme chez les Delerm, tout est souvent référencé et ici c'est sous l'angle des odeurs, des fragrances. Un nom = une odeur = une sensation ...
Peut-être qu'un lecteur dont l'odorat n'est pas aiguisé ou que l'attrait pour l'univers olfactif est proche de zéro, ne sera pas aussi dithyrambique que moi...
Au cours de ma lecture, je suis allée sentir quelques parfums que je ne connaissais pas et que j'ai découverts grâce à ce roman... Notamment Jicky.
Ce roman, je le place -c'est tout à fait subjectif- sous l'égide de Guerlain. Très présent pendant les premiers chapitres: Shalimar, L'heure Bleue, La Petite Robe Noire, Jicky... Du coup, pour bien matérialiser ce phénomène, j'y ai déposé une mouillette avec L'heure bleue dessus (car je déteste Shalimar, La Petite Robe Noire me donne la nausée, et je ne veux pas banaliser Jicky). Je sais que dès que l'odeur de L'heure Bleue se manifestera c'est le souvenir de la lecture de ce roman qui remontera immédiatement.
C'est tout à fait formidable qu'un roman puisse nous apprendre autant dans différents domaines et raviver tant de détails enfouis de notre propre vie dont on avait totalement oublié l'existence.
Pour info, mon parfum à moi c'est lui