Luca Cordero di Montezemolo, homme-orchestre de l’industrie italienne
Qui est Luca di Montezemolo ? De toute évidence, un homme épuisant, comme sont les hommes à qui tout paraît réussir. Luca Cordero di Montezemolo, descendant des marquis de Montezemolo, du nom d’un château piémontais acquis au début du XVIIIe siècle par sa famille (laquelle famille fut longtemps au service de la Maison royale de Savoie), est né le 31 août 1947 à Bologne. Après une licence de droit complétée par un master à l’Université Columbia de New York, il entame une carrière sportive et s’illustre au volant d’une Fiat 500 Giannini, avant d’intégrer pour peu de temps l’équipe privée Lancia HF Squadra Corse puis de rejoindre le groupe Fiat. Remarqué par Enzo Ferrari alors qu’il participe à un débat radiophonique sur les courses de Formule 1, il devient l’assistant personnel de ce dernier, puis responsable de la Scuderia, le département course de la marque au cheval cabré. Deux ans plus tard, en 1975, Niki Lauda offre à Ferrari un titre mondial (un second suivra en 1977). Le précédent datait de 1964.
La prolifique carrière de Luca Cordero di Montezemolo est indissociable de l’empire Fiat. En 1977, il devient le responsable des relations extérieures du groupe puis président d’Itedi, sa filiale éditoriale qui contrôle notamment le quotidien La Stampa. En 1982, il prend la tête de Cinzano International, marque d’apéritifs détenue à 50 % par Ifi, le holding de la famille Agnelli. C’est lui encore qui, dès cette époque, dirige l’équipe Azzurra créée par Gianni Agnelli et Karim Aga Khan IV pour porter haut les couleurs de l’Italie lors de la coupe de l’America. Résultat : une place de demi-finaliste. Ses débuts dans le domaine du football sont plus mitigés. Nommé responsable de l’organisation de la coupe du monde de football Italia 90, il essuie plusieurs revers et voit sa gestion fortement critiquée. Même constat à la Juventus de Turin, éliminée de toutes les compétitions internationales alors qu’il en est le vice-président. Cependant, Luca di Montezemolo n’est pas homme à baisser les bras. Fin 1991, soit trois ans après la mort du Commendatore et quelques mois seulement après avoir pris la direction de Rizzoli Video, il est nommé président de Ferrari par Gianni Agnelli qui lui assigne la double tâche de faire de Ferrari un constructeur rentable et de mener à nouveau la Scuderia vers la victoire. Après avoir essuyé quelques déconvenues, Luca di Montezemolo engage Jean Todt au poste de directeur. La suite, nous la connaissons. Un titre de champion du monde des constructeurs en 1999 (le premier depuis 1983), et cinq titres consécutifs de champion du monde des pilotes pour Michael Schumacher entre 2000 et 2004. Du jamais vu en Formule 1 ! Côté véhicules de tourisme, Montezemolo a plus que rempli ses objectifs : sous sa présidence, le chiffre d’affaires de l’entreprise a été multiplié par cinq, sa valeur boursière par dix, grâce à une production volontairement limitée. Et que dire de Maserati, fusionnée avec Ferrari en 1997 ? Entre-temps, celui que l’on surnomme désormais il Pluripresidente aura été, ensemble ou successivement, vice-président du club de football de Bologne, président de l’association des industriels de Modène, président de l’organisation de la Foire de Bologne. Mais le meilleur reste à venir.
Luca Cordero di Montezemolo, ou L’antithèse du style Pitti Uomo
Sur le plan du style, le moins qu’on puisse dire est que Luca Cordero di Montezemolo n’a pas grand-chose en commun avec les icônes italiennes de la mode mises en avant à l’occasion du salon Pitti Uomo et souvent considérées à tort comme l’alpha et l’omega du style italien. Comme Gianni Agnelli, dont il a hérité le titre d’Avvocato (il n’est d’ailleurs pas rare qu’on le surnomme il figlio di Gianni Agnelli), il est un client fidèle de Tommi et Giulio Caraceni à Rome (voir notre article sur la saga Caraceni) et fait preuve d’un goût prononcé pour les costumes croisés, notamment à rayures. Les chemises blanches ou bleues, les cravates en soie naturelle (plutôt larges) constituent son quotidien. Sa touche personnelle : un détail moins formel qui détonne (bracelets, poignets de chemise non boutonnés, col roulé, pochette), formant un contrepoint discret à l’harmonie d’une mise très classique. On n’aurait aucun mal à trouver le même genre d’attention chez d’autres grands patrons italiens, à la fois respectueux des usages et soucieux de ne pas se laisser enfermer par eux. Je vous laisse apprécier par vous-mêmes.