Quand Benjamin Bellecour et Pierre Antoine Durand taquinent la "normalité"...

Publié le 17 novembre 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Au Ciné 13 Théâtre, présentation de la version longue d'une proposition du festival "Mises en Capsules" 2012. Une sorte de fable interrogeant le spectateur avec légèreté et espièglerie sur les notions de normalité, de différence, sur la tolérance, le vivre ensemble, mais aussi sur nos aspirations les plus profondes, souvent mises de côtés pour nous couler dans une "vie normale". Une partition plaisamment absurde, intelligemment écrite, jamais sentencieuse, un peu fourre-tout (mais cela participe au charme de l'ouvrage), joliment interprétée par quatre comédiens talentueux, investis et inspirés.

Débarquant de Bucarest, le jeune Amine, soucieux de trouver rapidement un logement, du travail, et de s'intégrer, décide de s'appeler Jean Martin. Un nom et un prénom que portent des millions de "gens" en France. Il sera d'ailleurs accueilli par une communauté de Jean Martin qui l'aidera à adopter les us et coutumes du parfait Jean Martin. Se marier, avoir deux enfants, un chien, un job pas forcément passionnant mais qui lui permet de payer le crédit de son pavillon, d'aller chez Ikea le dimanche et de faire du sport pour rester en forme... Question : cette "normalité" est-elle la recette du bonheur ?

"On n'est jamais à l'abri d'être n'importe qui", nous dit-on en ouverture du spectacle. Et le fait est qu'à vouloir être comme tout le monde, on finit par n'être plus, renier son ADN. Les amusants caractères stéréotypés imaginés par Benjamin Bellecour et Pierre Antoine Durand s'expriment comme des machines, sans émotion, déroulent au kilomètre idées reçues, phrases toutes faites, lapalissades, arborant un immuable sourire de façade. Jusqu'à ce que leurs rêves ne resurgissent et les fassent disjoncter. Ainsi verra-t-on, par exemple, l'un des protagonistes enfiler son costume de Super Martin et plonger définitivement dans un monde parallèle de jeux vidéos...

Dans une mise en scène ingénieuse, fluide, efficace, faisant appel à l'imagination du spectateur (4 cubes sur le plateau pour symboliser les différents espaces, quelques accessoires, d'irrésistibles perruques permettant aux interprètes de multiplier les rôles), la lumineuse et touchante Anna Mihalcea, Arnaud Pfeiffer et son flegme réjouissant, l'autoritaire et dynamique Jacques Bourgaud, guident  avec entrain un Clément Aubert (Amine) en proie au doute, qui nourrit superbement son  personnage.

Plaisant moment.

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JEAN MARTIN ou LA VIE NORMALE TEASER par CINE-13-THEATRE


Photo : Alejandro Guerrero