- Non, mais t’es fou, moi je retourne plus à Rapture. La dernière fois, je te dis pas quel bordel c’était. Y avait des grosomes partout…
- Des chrosômes, tu veux dire.
- Ouais, c’est ça, des bronsomes. Ben ils étaient complètement ouf les gars, à te sauter à la tronche dès qu’ils te voyaient.
- Non, mais t’as rien compris, je te parle de revenir dans un Rapture antérieur, à l’époque où tout allait bien encore.
- Comment ça, revenir à une époque antérieure ? Tu vas pas me dire que tu crois aux voyages dans le temps ?
- Mais enfin, t’as rien compris au scénario de Bioshock Infinite ou quoi ?
- Ben non, j’ai rien compris, personne n’a rien compris !
- Pfff, franchement, t’es désespérant…
- Ecoute, désolé, n’insiste pas, je n’y remettrai jamais les pieds.
- Quel dommage ! C’est Elisabeth qui va être déçue…
- Elisabeth ! Qu’est-ce qui lui arrive à Elisabeth ?
- C’est-à-dire qu’elle a des ennuis et qu’elle aurait bien besoin que…
- OK, c’est bon, n’en dis pas plus. Je prends mes plasmides et je pars !
Ah, Rapture ! À force de déclarer ma flamme à l’univers de Bioshock, j’ai peur de vous saouler. Je vais donc m’abstenir de me répéter cette fois. Cependant, je peux difficilement occulter le fait que la direction artistique est admirable, fantastique, fabuleuse, …
« À vos marques, prêts, partez ! Foncez en ligne droite, allez allez ! Non, non, non, on n’écoute pas une seule ligne de dialogue, on fonce on fonce ! Hop hop hop, on n’essaie pas d’accéder à cette zone facultative, on s’en fout. Attentioooooon, top chronomètre ! UNE HEURE ET TRENTE MINUTES, un nouveau record, mesdames et messieurs ! On applaudit bien fort nos testeurs champions du monde de speed run. »
Non, mais attendez-moi quoi. Ca fait deux heures que je joue et j’en suis encore à la phase d’introduction. Excusez-moi de m’amuser, mais je prends le temps de découvrir les différents lieux et d’écouter les dialogues savoureux. Honnêtement, c’est un peu pour ça que j’ai acheté le jeu, pas vous ? Ne me dites quand même pas que l’univers de Bioshock ne vous parle pas, auquel cas ce serait en effet idiot de jouer à cette extension…
La carte postale de Rapture vaut le détour, c’est peu de le dire. La phase d’introduction exploratoire vous rappellera des souvenirs de moments mémorables passés autrefois dans la cité sous-marine. Vous rencontrerez aussi un personnage bien connu, dans une version hallucinée à la fois ridicule et terrifiante. De l’or massif pour le fan ! L’introduction nous permet aussi de découvrir de nouvelles facettes de la formidable Elisabeth : la fourberie et le cynisme. La jeune fille émerveillée s’est endurcie jusqu’à la froideur la plus glaciale. La voir ainsi, sexy en diable, est un autre attrait pour les inconditionnels de ce personnage secondaire, certainement l’un des meilleurs qui existent dans le jeu vidéo. Mais vous vous imaginez bien que la balade ne durera pas indéfiniment. Tôt ou tard, faut que ça chauffe !
Et ça va chauffer, l’ambiance devenant même bouillante à Rapture. Les différends entre Andrew Ryan et Frank Fontaine ne peuvent plus être tus. Ryan intervient fermement et emprisonne les hommes de Fontaine dans leurs installations, plongées au fond de l’eau. Rapture, ça va encore côté pile, mais ça ne tourne déjà plus très rond côté face. « Chers visiteurs, nous poursuivrons notre visite de la ville en nous dirigeant vers les bâtiments de Fontaine Futuristics. Accrochez votre ceinture, ça va secouer… »
Fini de rêvasser, place aux combats. Le fameux « tombeau sous-marin » fait le lien entre les versions de Rapture. Le vernis pimpant a été gratté, mais le décor dégradé se trouve à un stade de délabrement antérieur à celui du Rapture que nous connaissions. Toutefois, les habitants propres sur eux sont déjà devenus les « chrosômes » assoiffés d’Adam. Pas la peine de discuter avec eux, ils ne comprennent plus que la manière forte. Mais que cela ne vous empêche pas d’observer leurs saynètes avant de les éliminer. Avec une mise en scène pareille, ce serait dommage de précipiter les événements (n’est-ce pas ?).
Les affrontements n’ont pas baissé d’intensité et nécessitent autant d’adresse qu’avant. Les chrosômes sont féroces, résistants et rapides. Il est donc conseillé de préparer soigneusement ses attaques. Le coup dans le dos, ce n’est pas que pour les minables… L’analyse de l’environnement révèle aussi quelques pièges potentiels : un peu d’électricité sur l’eau, ça fait des dégâts. Le gameplay garde ainsi sa variété et ses différentes approches possibles. Un vrai régal à nouveau, qui ne perturbe pas la narration… car tout est narration dans Bioshock.
Les dialogues et les attitudes des personnages ainsi que les allusions d’Elisabeth vous en apprennent sans cesse sur l’histoire. L’éclatement de la narration fonctionne comme à la première heure, notamment grâce aux enregistrements audio. Néanmoins, révisez vos cours d’anglais avant de commencer le jeu. En effet, les dialogues ne sont pas doublés, mais uniquement sous-titrés. Passe encore, mais ça se corse quand aucun sous-titre ne s’affiche dans les enregistrements audio. Tendez donc bien l’oreille pour comprendre leur contenu, forcément intéressant. L’histoire proprement dite, quant à elle, se déroule piano piano et ne décolle véritablement qu’à la fin de cette moitié d’extension. Mais quand vous l’aurez vue cette fin, vous attendrez la seconde moitié comme un crève-la-faim.
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Subjectivement vôtre
Conclusion : Bioshock représente pour moi ce qui est arrivé de mieux durant cette génération en fin de vie. Tombeau sous-marin se hisse au niveau de l’ensemble, soit au sommet de l’art vidéoludique. Une qualité et un soin qui justifient le prix de quinze euros, fût-il élevé pour un contenu téléchargeable.