Quels gosses ces adultes !

Publié le 16 novembre 2013 par Didier Vincent

Les 400 coups

  

Avant que d'être policés, peau lissée, d'être formatés convivialité, d'être "sympas" (On l'est tous, c'est notre peau, notre appeau) nous étions des gribouillages de social, des cas. Des cas un peu nases que nous enfouissions peu à peu sous le mur de briques d'un surmoi, ensevelissant dans le noir des désirs à jamais inassouvis notre propension à tout faire sans aucun calcul. Petits monstres, pervers polymorphes, génies malins de l'anarchie domestique, "nature" comme on dit, nous nous esbaudissions dans un univers tout entier tourné vers nous et notre ça en culottes courtes. Pays de Cocagne. Centrifuge.

On l'a quitté mais il est en nous qui le sublimons, adultes, à chaque instant, grâce à un appareillage sophistiqué de névroses, de discours et d'être dit social, sympathique donc. L'enfant que nous fûmes. L'adulte que nous sommes n'est sans doute qu'un masque rigidifié d'une certaine agitation informelle. L'existence précède l'essence mais l'existence reste cet irrationnel être là, cet être au monde, fou fou comme un électron libre dans un décor peint, indifférent. Là est l'enfance, dans ce pur existant à la téléologie malléable, avec des règles molles et fluctuantes en fonction des humeurs des géants qui nous entourent.