Dans quelles sphères de l'écologie politique se situe le travail de l'auteur de ce blog et du livre à venir? Nous n'allons pas chercher ici à brosser un tableau exhaustif des différentes mouvances cohabitant dans les milieux écologiques. Nous avons plutôt comme objectif de mettre en évidence l'originalité de sa réflexion.
A grands traits, on pourrait classer la noosphère écologique en deux univers.
Tout d'abord, une écologie que l'on qualifiera d'originelle. Cette écologie originelle s'est développée à partir des années 70. Nourrie du romantisme du 19éme siècle, sa pensée se focalise sur la Nature conçue comme bienveillante. Les atteintes à cette matrice de la vie sont perçues comme des attaques et des agressions. Les partisans de cette écologie aspirent à vivre dans le monde rural, cherchent à s'éloigner des dégâts du progrès, ne croient guère à la résilience des sociétés contemporaines et cherchent à s'en préserver. Dans le monde francophone, Pierre Rabhi est probablement le représentant le plus illustre et le plus brillant de cette tendance. On y a la conviction que seul l'action individuelle peut sauver chacun d'entre nous et l'Humanité (mouvement Colibri).
A partir des années 80 va apparaître une nouvelle tendance dans la mouvance écologique que l'on qualifiera d'écologie politique. Pour répondre aux enjeux de la dégradation de la Planète, certains écologistes pensent, au contraire, qu'il faut s'intéresser à l'action publique, s'y impliquer et changer le monde en imposant des réformes qui permettront de faire passer l'intérêt collectif de notre planète avant les intérêts particuliers des consommateurs et des entreprises. Pour ses partisans, c'est bien souvent l'argent qui est désigné comme le responsable de nos maux environnementaux. L'urgence écologique s'oppose alors aux contingences du profit et de la croissance. Dans le monde francophone, René Dumont fut le grand ancêtre précurseur d'une pensée dont le leader actuel -mais controversé- serait aujourd'hui Nicolas Hulot.
Comment se situe alors la pensée développée dans le site "fiscalité environnementale" et dans le livre à venir? Elle serait le précurseur d'une nouvelle tendance qui, sans renier les apports des deux premiers courants, cherche à concilier le monde économique avec les urgences écologiques. Il s'agit d'une réflexion qui a la volont d'utiliser le levier incontournable, que constituent les activités économiques, pour transformer en profondeur les sociétés. Construire des transitions durables nécessite l'adhésion de tous les acteurs. Il faut donc trouver des compromis acceptables par tous. Ceux-ci doivent s'appuyer sur un volontarisme de l'action publique qui ne pourra pas faire l'économie de la recherche de pratiques innovantes. A ce titre, le levier de la fiscalité environnementale, dégagé des oripeaux conformistes qui expliquent ses échecs actuels, doit devenir un outil déterminant du compromis à venir entre activité économique et exigence écologique.