Magazine Culture

[anthologie permanente] petite anthologie du samedi

Par Florence Trocmé

Quelques extraits de certains des livres reçus par Poezibao cette semaine

* Arséni Tarkovski, L'Avenir seul, traduction et présentation de Christian Mouze, postface d'Anne Akhmatova, Éditions Fario, 2013, 20€
Voir la fiche de présentation du poète et des extraits.
* Hans Christian Andersen, Poèmes, inédit, traduit du danois et présenté par Michel Forget, coll. " Classiques du Nord ", Les Belles Lettres, 2013, 18.50€.
Tout passe comme le vent

Tout passe comme le vent
Ici-bas rien ne demeure.
Le temps des joues roses est bientôt passé,
Celui du sourire - et celui des larmes - aussi.
Pourquoi se désoler ?
Le chagrin et le mal disparaîtront ;
Tout passe comme le feuillage,
Le temps et les hommes aussi !
Tout a disparu - disparu,
Ta jeunesse, ton espoir, ton ami.
Tout passe comme le vent
Et jamais plus ne revient !
(124)
* Pierre Garnier, (louange), la forêt, la terre, la Somme, mon " pays des mines ", L'Herbe qui tremble, 2013, 24€.
Ce fil tendu entre sa source et la mer
- sinueux parfois - c'est la vie :
elle fait là, dans les criques
des poèmes, des tableaux, des concerts
la carpe est immobile sur le fon
l'enfant pense qu'il n'y a que la surface de la rivière qui coule
il regarde le pêcheur
qui enfonce son hameçon
dans le dos d'un vif -
encore un crucifié, pense l'enfant.
(85)
* Isabelle Levesque, Un peu de ciel ou de matin, postface de Pierre Dhainaut, peintures et dessins de Jean-Gilles Badaire, Les Deux-Siciles, 2013, 16€.
Nous inventons les signes
- geste ou mot,
main cherchant dans un désastre noir
l'ordre unique, fleurs disposées savamment,
liées de torpeur,
coquelicots fébriles
ce champ de blé de l'horizon
volant le plissé des ailes
[...] (28)
* Patrick H. Frèche, Loft design by, Poèmes en Loft, urgence poésie, divers, Flammarion, 2013, livre offert, ne peut être vendu.
Aphonismes (par Tristan Felix)
3
La preuve que je n'existe pas c'est que moi non plus
Car flotte dans le regard de l'autre
Ce halo qui me fait songe
14
À travers le carreau
L'infini du dehors franchit le seuil
Le paysage en évidence
Retourne l'enceinte de la maison contre lui
Alors l'œil est sans abri
19
La lumière fauche l'infini
Le théâtre d'ombres
Ronge discrètement la vérité
(9, 11 et 12)
* Elke de Rijcke, L'expérience poétique dans l'œuvre d'André du Bouchet, tomes 1 et 2, La Lettre volée, 2013, 44€ les deux tomes.
" Destructrice, caractérisée par l'indifférenciation voire l'inexistence des rapports, la société de la seconde moitié du XXe siècle aliène l'individu vis-à-vis du monde, du langage et de lui-même. Or, le degré zéro des rapports est également le point d'insertion ou d'intervention de l'écriture dans la société. C'est au degré zéro de tout rapport que l'écriture se propose de reconstruire les rapports détruits, une tâche à renouveler à l'infini étant donné l'impuissance de l'écriture face à la détresse de l'époque. Il est intéressant de souligner la torsion particulière qu'André du Bouchet impose à l'entreprise de la reconstruction : effectuée à même les rapports et la langage de l'époque, la reconstruction n'est possible qu'à la condition de la destruction du matériau destructeur. L'écriture travaille avec les éléments de l'époque, mais elle les engage dans une direction qui va à l'encontre de l'expérience culturelle. " (56)
* Jacques Derrida, Penser à ne pas voir, écrits sur les arts du visible,, 1979-2004, coll. " essais ", éditions de la Différence, 2013, 25€.
" Le concept de trace est si général que je ne lui vois pas de limite, en vérité. [...] Pour moi, il y a trace dès qu'il y a expérience, c'est-à-dire renvoi à de l'autre, différance, renvoi à autre chose, etc. Donc, partout où il y a de l'expérience, il y a de la trace, et il n'y a pas d'expérience sans trace. Donc, tout est trace, non seulement ce que j'écris sur le papier ou ce que j'enregistre dans une machine mais quand je fais ça, tel geste, il y a de la trace. Il y a du sillage, de la rétention, de la protention et donc du rapport à de l'autre, à l'autre, ou à une autre moment, un autre lieu, du renvoi l'autre, il y a de la trace. (113)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florence Trocmé 18683 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines