L’État chinois va diminuer son emprise sur l’économie
Publié Par Contrepoints, le 15 novembre 2013 dans AsieLa Chine va desserrer l’emprise de l’État sur la deuxième économie mondiale, en s’attaquant aux puissants groupes publics tout en favorisant les investissements du secteur privé.
Les groupes d’État, qui jouissent de confortables monopoles sur des secteurs entiers, verront ainsi leur marge de manœuvre se réduire. D’ici à 2020, ils devront reverser 30% de leurs bénéfices au gouvernement, contre un ratio actuel de 5% à 15%. Une partie de leur capital sera transféré aux fonds de sécurité sociale, très défaillants depuis des années. Cent treize grandes entreprises de secteurs variés, de l’énergie à la finance en passant par les transports, dépendent directement du gouvernement central.
En réduisant les colossales liquidités dont disposent ces groupes, la mesure devrait les contraindre à gérer leurs investissements de façon plus efficace et donc à réduire leurs surcapacités de production, favorisant ainsi un environnement plus concurrentiel. De l’avis général, toute réforme du secteur public sera cependant compliquée par une résistance acharnée de ces groupes, qui prospèrent grâce à l’absence de concurrence et à leurs relations étroites avec les autorités à tous les niveaux.
Le parti multiplie par ailleurs les signaux à l’égard du secteur privé. Les firmes à capitaux non-publics seront autorisés à prendre des participations dans des projets initiés par des groupes d’État, sans que des proportions soient précisées. Le plénum a ainsi appelé à ouvrir le capital des groupes d’État, pour que ceux-ci soient contrôlés à la fois par des capitaux privés et publics.
Les autorités permettront la mise en place d’établissements bancaires de taille modeste et d’institutions financières à capitaux privés. Seule une poignée de banques privées sont actuellement autorisées à opérer en Chine. Les règlements restreignant les investissements privés dans plusieurs secteurs des services seront assouplis. Pékin confirme par ailleurs sa volonté d’accélérer la libéralisation des taux d’intérêt. La Banque centrale chinoise avait levé en juillet ses contrôles sur les taux d’emprunt, mais les taux rémunérant les dépôts restent strictement encadrés.
Les dirigeants du parti s’engagent également à avancer vers la libre convertibilité du yuan (c’est à dire la possibilité de vendre et d’acheter librement la devise chinoise), un objectif à long terme régulièrement réitéré par le gouvernement. Cette convertibilité sans contrôle pourrait dans un premier temps se concrétiser dans la zone franche récemment lancée à Shanghai.
Le gouvernement devrait justement créer de nouvelles zones franches, et étendre les réformes lancées précédemment à titre expérimental sur des territoires limités. Alors que les prix immobiliers ne cessent de s’envoler, un impôt sur la propriété (déjà mis en place dans deux métropoles) pourrait être étendu à d’autres villes, sans qu’aucun calendrier soit mentionné.
De leur côté, les gouvernements locaux, lourdement endettés, vont être autorisés à diversifier leurs revenus en levant des fonds via des émissions obligataires, ce qui leur offrira une source de revenus autre que les opérations immobilières. Jusqu’à présent, seules quelques villes, dont Shanghai, émettent leurs propres obligations.
Par ailleurs, la prise en compte des niveaux d’endettement dans l’évaluation des cadres, la diminution des participations des gouvernements locaux dans des entreprises, tout comme la prise en charge par Pékin de certains coûts des échelons administratifs inférieurs devront contribuer à freiner tout gonflement des dettes locales.
Enfin, les agriculteurs se verront accorder des droits pour posséder, utiliser et transférer les terres qu’ils cultivent, et pourront utiliser leurs droits de propriété comme caution pour des opérations financières. Jusqu’à présent, toutes les terres agraires sont officiellement possédés par l’État, qui en cède la jouissance aux agriculteurs.
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