Le marché Sandaga et des commerces fermés tandis que les gros porteurs interdits de circulation depuis mercredi dernier. La visite officielle du Président de la République, Paul Biya à Douala, pour la double cérémonie de la pose de la première pierre du 2e pont sur le Wouri et l'inauguration de la centrale à gaz naturel de Logbaba a paralysé l'activité économique de la ville depuis mercredi dernier.
En effet, tous les commerces situés au Rond-point Deïdo, à quelques encablures de la tribune d'honneur, construite pour la cérémonie de la pose de la première du 2e pont sur le Wouri, sont fermés. Les alimentations, boutiques de vente de téléphones portables, kiosques à journaux et secrétariats bureautiques n'ont pas été ouverts toute la journée d'hier. Excepté les boulangeries et stations-services. Toutefois, pas d'attroupement observé à l'esplanade de ces services. Les éléments de la garde présidentielle (Gp) en faction, veillent au grain. Les éventuels clients doivent s'armer de beaucoup de courage pour franchir le cordon de sécurité érigé par la Gp, lourdement armée. La peur au ventre, les clients préfèrent rebrousser chemin et se ravitailler dans les boutiques situées dans les quartiers environnants.
Une fermeture qui s'étend jusqu'au marché Sandaga, plus grand marché de vivres frais de la sous-région. L'esplanade de ce marché, en permanence encombrée par les camions gros porteurs de vivres frais, est déserte tel que prescrit par le Gouverneur de la région du Littoral, joseph Béti Assomo. D'ailleurs, une dizaine d'éléments de la police du 4e arrondissement et de la Gp ont établi un cordon de sécurité pour empêcher tout stationnement de transporteurs et commerce. Certaines boutiques de ce marché sont quasiment fermées. Les commerçants et clients se font rares ce jour.
«Depuis quelques jours, les responsables du marché nous ont faits comprendre que le Président de la République vient à Douala. Il y a eu des circulaires et des messages publicitaires pour nous informer qu'aujourd'hui, le marché est fermé. Nous sommes venus parce que nous avons des denrées périssables», indique Madeleine Maffo, présidente des revendeurs de tomates du marché Sandaga. Mais, pour le président de l'Association des commerçants du marché Sandaga, Jean Mbianji Mengue, ce n'est qu'une rumeur qui serait partie des commerçants eux-mêmes.
Curieusement, les grilles du portail principal sont fermées. Les commerçants auraient été dupés par le plan de circulation de la ville. La circulation est «momentanément interrompue pour cette journée sur ces axes», stipulait un communiqué du Délégué régional à la Sûreté pour le Littoral.
Pertes
Les pertes sont inestimables pour les commerçants de ce marché. «Les pertes sont inimaginables pour tout un marché comme Sandaga, spécialisé dans la vente des vivres frais. On ne sait pas comment on va faire, si on va jeter ce qui est pourri», déplore Jean Mbianji Mengue. «Les pertes sont énormes. Nous ne pouvons pas évaluer. Il n'y a pas de clients», décrie Madeleine Maffo. Les légumes verts et fruits, exposés sur des étals, pourrissent sous l'effet de la chaleur. Les vendeurs de tomate, les plus touchés, s'affairent à séparer les fruits déjà pourris des bons dans les cageots.
Les pertes sont aussi enregistrées chez les transporteurs et conducteurs résidant dans la zone de Bonabéri, Nyalla et Yassa. Le point de chargement du Rond-point Deïdo est resté vide toute la matinée d'hier. Le transport routier, urbain et interurbain est resté perturbé à l'entrée Ouest de la ville. Les cargos desservant l'arrondissement de Douala IVe et les véhicules des agences de voyage allant dans le département du Moungo, dans les régions de l'Ouest, Nord-ouest et Sud-ouest ont garé. Tandis que les semi-remorques, les camions remorques et les grumiers sont interdits de circulation «sur l'ensemble du territoire de la région de 06 à 18 heures du mercredi, 13 novembre 2013 jusqu'à nouvel avis», stipule un communiqué du Gouverneur de la région. Des camions citernes sont d'ailleurs stationnés dans les stations-services, Tradex de Ndokoti et Total du quartier «Trois morts».
Cette paralysie des activités économiques est fortement condamnée par le Cameroon People's Party, parti politique de l'opposition. «Il faut y voir une grande opération de gaspillage des deniers publics. Le principe de dépenser autant d'argent dans des cérémonies de pose de première pierre est inacceptable dans un contexte comme le nôtre où, des populations n'ont pas accès aux services de base de qualité», s'indigne Franck Essi, Secrétaire général du Cameroon People's People.