Ces deux pays viennent de signer une convention de financement de plus de 200 milliards multisectorielle dont certains points suscitent des interrogations. Dans la convention multisectorielle de financement que le Cameroun vient de signer avec la Chine il y a quelques jours à Yaoundé, deux aspects apparaissent suffisamment curieux.
Dans l'acte de lundi 11 novembre dernier, il y a notamment un accord de financement portant sur la construction d'un réseau de télécommunications d'urgence sur l'ensemble du territoire. Ce projet consiste en réalité, en la mise sur pied d'un plan national de télécommunications d'urgence, raccordé aux administrations et structures intervenant dans la gestion des catastrophes au Cameroun. Au niveau technique, il est question sur deux cœurs de réseau situé à Yaoundé et à Douala, de la construction des stations Bsc et des stations Bts dans les principales villes, des systèmes de transmissions optiques, des sous centre d'appel, des systèmes de vidéo conférence, vidéo surveillance dans les principales villes et de la fourniture des terminaux entre autres. Coût du financement accordé par la Chine: 77,7 milliards de FCFA.
Pourtant, le 20 janvier 2012, le gouvernement avait déjà signé un mémorandum d'entente avec l'entreprise chinoise ZTE, après que plusieurs firmes internationales ont soumissionné à la réalisation de ce projet. A cette époque, ZTE proposait 498 millions de dollars soit 224 milliards de FCFA (parité du dollar à 450Fcfa) pour la réalisation, Motorolla 135 millions de dollars (62 milliards de FCFA). Ericsson près de 128 millions de dollars (plus de 57 milliards de FCFA) et Huawei avait l'offre la moins disante avec 99 millions de dollars, soit environ 45 milliards de FCFA. Mais lundi dernier, aucune de ces enveloppes n'a été adoptée, bien que la réalisation du projet soit l'affaire d'une entreprise chinoise, si l'on s'en tient aux explications des responsables du Ministère des Postes et télécommunications. «Ce sont les Chinois, à travers Eximbank, qui apportent les financements. Nous avons lancé un appel à manifestation d'intérêt. Alors que nous étions sur le point de décrypter les offres, la présidence nous a demandé de signer le contrat commercial avec ZTE; ce que nous avons fait», expliquait-t-on au Ministère des Postes et télécommunications il y a quelques mois.
Avions MA 60
Si officiellement ZTE n'a pas encore signé le contrat d'exécution de ce projet où le moins disant, la compagnie Huawei, proposait seulement 45 milliards de FCFA pour sa réalisation, le montant de l'accord de financement de l'achat de deux avions MA 60, pousse à l'interrogation: 34,4 milliards de FCFA. L'on se souvient que ces avions, acquis de l'avionneur chinois Xian Aircraft Industrial Corporation en 2012 à la suite d'un séjour du Chef de l'Etat en Chine en 2011, font polémique dans les milieux de l'aéronautique civile camerounaise. Ce que certains experts du secteur trouvent curieux, c'est le prix de ces avions tel qu'évoqué dans la convention avec la Chine. «Ces avions ne peuvent pas coûter ce prix actuellement. Si l'on se réfère au prix du marché qui oscille entre 6,3 milliards de FCFA et 7,5 milliards de FCFA, le Cameroun devrait à tout casser, les acheter à 15 milliards de FCFA et non à 34 milliards de FCFA», s'indigne un expert.
Lors de la session parlementaire de juin dernier, Robert Nkili avait indiqué aux parlementaires que ce prix tenait compte des pièces détachées qui devaient accompagner leur achat. Mais pour les experts, on ne peut pas parler de pièces de rechange avant la mise en place d'un centre de maintenance. «Ce qui se passe c'est que nous achetons deux avions au prix de quatre. Lorsque maintenant le Ministre des Transports parle des pièces de rechange qui sont comprises dans la facture, on se demande ce que ça coûte exactement. On ne peut pas acheter un avion à 15 milliard de FCFA et des pièces de rechange pour le même montant. Ce n'est pas possible», tranche un expert en aéronautique civile.
Selon plusieurs compagnies aériennes, les avions MA 60 coûtaient 11,8 millions d'euros soit un peu plus 7, 7 milliards de FCFA à leur sortie en 2000. Aujourd'hui, le prix est passé à 6,3 milliards de FCFA. Du coup, même avec les anciens prix, la facture s'élèvera à un peu plus de 15 milliards de FCFA pour les deux avions.