15 novembre 2013
Tunisie
Vous souvenez que le « dialogue national » devait aboutir à un gouvernement politiquement neutre et chargé de préparer des élections irréprochables, et que ce « dialogue » a échoué le 5 novembre. Pourquoi ? Probablement parce qu'Ennahda « a fait semblant », acceptant un accord de principe pour gagner du temps, mais le faisant échouer en multipliant les obstacles à sa mise en œuvre. Son objectif est de rester au pouvoir pour l'instant, et pour cela de semer le doute sur l'ensemble de la classe politique « incapable de se mettre d'accord »
L'Arabie, Israël et la France
Les Israéliens font savoir vigoureusement qu'ils craignent par-dessus tout une bombe atomique iranienne, et il est d'ailleurs possible que ce soit sa virulence anti-israélienne qui ait coûté son poste à Mahmoud Ahmadinejad (question aux érudits : ce nom de famille a été choisi par le père de l'intéressé et signifierait « de la race de Mahomet », et non pas « guerre sainte » (djihad) pour Mahomet comme lu parfois).
Hypothèse personnelle : le guide suprême et d'autres Iraniens, même de tendances opposées, n'appréciaient pas d'être représentés par quelqu'un qui nuisait à l'image de leur pays et mobilisait Israël et ses appuis contre leur « droit » au nucléaire civil voire militaire (je n'entre pas aujourd'hui dans le fond du débat). Toujours est-il que beaucoup pensent que le véritable adversaire de l'Iran chiite n'est pas Israël mais l'Arabie sunnite, et que ces deux derniers pays (Israël et l’Arabie) se retrouvent une fois de plus dans le même camp, craignant une « faiblesse » américaine menant finalement à la bombe iranienne.Et puis le retour à des relations normales entre l'Iran et l’Occident risquerait de faire perdre à Israël comme à ses l’Arabie la relation privilégiée qu'ils entretiennent avec cet Occident.
Israël et l’Arabie se seraient donc tournés vers la France pour avoir une attitude ferme vis-à-vis de l'Iran, d’où le blocage cette semaine par Laurent Fabius de la discussion sur le nucléaire. Nous risquons de le payer en terme d'image et en termes économiques, les entreprises américaines allant remplacer les françaises en Iran, où elles sont pour l'instant bien implantées : aider à la fois Israël et des wahhabites va permettre à beaucoup de nous savonner la planche.
(Voir aussi l’article de Pascal Lorot http://www.lenouveleconomiste.fr/larabie-en-mal-dallie-20489/)
On se souvient que l'Arabie a déjà manifesté sa mauvaise humeur envers des États-Unis en refusant le mois dernier d'entrer au Conseil de sécurité, parce que le fait « de permettre au régime en place en Syrie de tuer son peuple et de le brûler à l'arme chimique au vu et au su du monde entier sans sanctions dissuasives est une preuve claire de l'impuissance du Conseil de sécurité à accomplir son devoir et à assumer ses responsabilités». L'Arabie dénonce également «la politique de deux poids, deux mesures » du Conseil et souligne que «la question palestinienne demeure depuis 65 ans sans règlement ». L'Arabie est toujours restée relativement neutre dans le conflit opposant Israël et ses voisins, sa sympathie arabe et musulmane étant compensée par son désir de préserver le calme et la stabilité de son environnement.
L'eau s'épuise plus vite que le pétrole
Les pays arabes font face une pénurie d'eau, qui va s’aggraver. C'est une situation bien connue, souvent conclusion d'articles sur le réchauffement climatique qui devrait priver de pluie la rive sud de la Méditerranée. À mon avis lier ce problème au réchauffement ne fait qu’embrouiller, du fait des querelles entre écologistes et climatosceptiques. Il serait déjà bien regarder la gestion de l'eau aujourd'hui, et notamment de ne pas polluer des ressources déjà insuffisantes, et de traiter les eaux usées dont la quantité augmente rapidement avec l'urbanisation et les usages de produits chimiques dans l'agriculture et l'élevage.
Al Jézira piétine
Son projet de chaîne francophone est sans cesse retardé, car le gouvernement français craint une concurrence pour France 24, laquelle rappelle sa différence de position avec Al Jezira sur « l'excision, les mariages forcés, les crimes d'honneur et les atteintes aux droits des femmes ». C'est une manière de rappeler le soutien d'Al Jézira aux Frères Musulmans, soutien qui a d'ailleurs valu à la chaîne une perte d'audience dans plusieurs pays arabes.
Mais Al Jézira veut toucher l'Afrique francophone et pas seulement les musulmans de France. Elle pourrait donc ouvrir une antenne à Dakar.
Par ailleurs Al Jézira cherche à améliorer son image aux États-Unis, associée là-bas à Ben Laden, ce qui a empêché sa version anglaise de percer dans ce pays. Pour cela elle a racheté une petite chaîne américaine pour en faire une nouvelle chaîne d'information. Différente ?
L'Arabie va manquer de chair fraîche
Il y a 2 ans, les Philippines et l'Indonésie ont interdit à leurs citoyennes de travailler chez les riches citoyens de ce royaume. Vous devinez pourquoi.
Le Maroc, toujours prêt à voler au secours des frères qui le soutiennent financièrement de diverses façons, assure l'assister dans cette « dure épreuve », mais à condition que les Marocaines remplissant ce vide aient plus de 45 ans (côté beauté c'est un peu sévère, mais cela des évite des complications, disons généalogiques). Mais le marché du travail est impitoyable : à cet âge-là on ne gagne que 150 € environ, soit le double du SMIC marocain, avec le risque de ne pas être payé du tout.
Cette méfiance vient du comportement des Séoudiens au Maroc, et aussi des « vols de maris séoudiens par les Marocaines » : En 2010, une Séoudienne avait solennellement demandé au Maroc l’adoption d’une loi interdisant aux jeunes femmes d’épouser des hommes saoudiens mariés. Les féministes marocaines n'ont pas goûté cette ingérence étrangère. En attendant, les mariages continuent (d'après le journal marocain Yabladi du 22 septembre).
Enseigner en quelle langue au Maroc ?
Le débat a gagné le parlement : arabe « classique » ou langue populaire :
http://link.email.wib.me/v/443/e377efcfc82eceb152f0cc72f4f4f3595a85d38c90145305
Avant que je ne reprenne cette question, qui est plus complexe que ce raccourci réducteur, lisez l'article prémonitoire que j'ai rédigé avec une linguiste marocaine :
http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/MondeMed3/selma.pdf
Si ces deux liens ne fonctionnent pas, les coller dans la barre adresse ou me contacter : [email protected]
En attendant, les Marocains apprennent le français et parfois l'anglais, à leurs enfants, soit via des cursus techniques ou privés, soit par des cours complémentaires.