Titre original : Dexter
Note:
Origine : États-Unis
Créateur : James Manos Jr.
Réalisateurs : Keith Gordon, Michael C. Hall, Ernest Dickerson, Stefan Schwartz, Romeo Tirone, John Dahl, Alik Sakharov, Holly Dale, Steve Shill
Distribution : Michael C. Hall, Jennifer Carpenter, David Zayas, Desmond Harrington, C. S. Lee, James Remar, Aimee Garcia, Geoff Pierson, Sean Patrick Flanery, Charlotte Rampling, Yvonne Strahovski, Kenny Johnson…
Genre : Thriller/Drame/Adaptation
Diffusion en France : Canal Plus
Nombre d’épisodes : 12
Le Pitch :
Six mois se sont écoulés depuis la mort du Lieutenant Maria LaGuerta. Dexter ne voit plus sa sœur Deb, qui gère très mal la situation et qui refuse de lui adresser la parole. Tandis qu’il tente de recoller les morceaux, Dexter fait la connaissance d’une neuro-psychiatre ayant autrefois connu son père. Ensemble, ils enquêtent sur une série de meurtres étranges…
La Critique :
Huit saisons, c’est beaucoup. Dans le cas de Dexter, c’est même beaucoup trop. À bien y regarder, la série aurait du s’arrêter à la fin de la quatrième saison car les quatre suivantes n’illustrèrent qu’une longue et lente descente vers une banalité affligeante qui trouve son point d’orgue ici. Après toutes ces années de bons et loyaux services le tueur en série favori de la télévision américaine tire sur la corde. Bien sûr, il serait de mauvaise foi de ne pas reconnaître les quelques fulgurances qui ont heureusement émaillé les quatre dernières saisons, même si il est vite devenu très difficile d’accrocher sur la longueur, une évidence s’imposant rapidement quant au caractère décevant de la fin.
Huitième acte donc pour Dexter. Un serial killer plus que jamais taraudé par de multiples questions quant à son rôle de frère/père/collègue. Un tueur s’interrogeant aussi sur le bien fondé de son sombre passager. Ce double qui suit le fameux code enseigné par le paternel de Dexter.
Et c’est à cela que s’attaque la huitième saison : aux origines du mal qui ronge celui que tous considèrent comme le gentil geek de la police de Miami. En faisant intervenir une psychiatre, interprétée avec une conviction toute relative par la britannique Charlotte Rampling, la série tente un numéro périlleux qui consiste à reconnecter une bonne fois pour toutes Dexter avec ses origines. On découvre alors qui est vraiment à la base du code et quelles conséquences a eu ce dernier sur la vie de famille, déjà précaire, de Dexter et de Debra. Franchement, on en demandait pas tant. À force de tourner autour du pot, la série prend des chemins de traverses toujours plus tortueux et finit par se mordre la queue.
Au début, alors que le show s’imposait naturellement comme l’un des plus brillants du paysage télévisuel, une question servait de moteur à l’ensemble : Dexter va-t-il arriver à mener à bien sa double vie ? Une question qui en entrainait d’autres, interrogeant la condition même du héros quant à sa place dans son petit monde. Désormais, il n’en est rien.
À cours d’idée depuis un bail, les scénaristes se contentent de toujours actionner les mêmes manettes, espérant mener à son terme une histoire qui aurait non seulement mérité d’être plus courte, mais qui appelait aussi un dénouement un plus radical. Pas de spoilers ici, mais sachez que la déception est au rendez-vous. Le truc qui compense, c’est qu’on la sent venir au fil des épisodes, tous assez laborieux, ce qui évite donc de se faire trop d’illusions.
Comptant peut-être sur la fidélité indéfectible des fans qui, histoire de faire les choses correctement, regarderont quoi qu’il en soit la série jusqu’à la fin, les scénaristes et le showrunner jouent aux feignasses (au final, vu le record d’audience du dernier épisode, on peut dire qu’ils avaient raison). Ils exacerbent les tensions entre Debra et Dexter, avant de changer complètement de cap, sans que l’on sache trop pourquoi ; font revenir la blonde incendiaire Hannah McKay, et ne cessent d’éloigner la menace qui pesait tant sur Dexter depuis le début au point d’étouffer dans l’œuf toute possibilité que ce dernier se fasse capturer lors du dernier épisode. L’ultime scène va d’ailleurs dans ce sens. Pas de prise de risque, aucune audace. Un leitmotiv lâche et peu glorieux qui permet à la série de s’achever dans la mélasse de laquelle elle n’aura jamais réussi à s’extraire.
Heureusement, les comédiens font le job, mais ça ce n’est pas nouveau. Pourtant peu servis par des scripts poussifs et bâclés, Michael C. Hall, Jennifer Carpenter et les autres font bonne figure, certainement résignés et pressés d’en finir. Comme nous en somme.
@ Gilles Rolland