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La peur qui ne change pas de camp

Publié le 15 novembre 2013 par Juval @valerieCG

Je n'ai jamais eu peur la nuit ; j'ai eu bien d'autres angoisses mais pas celle-là et rentrer tard de nuit ne m'a jamais posé aucun problème.

La plupart des emmerdements et agressions que j'ai subis ont pourtant eu lieu tard mais cela ne m'a jamais freiné. J'ai pourtant une mère qui voit des viols/vols/meurtres/agressions/cyclones/tsunamis à chaque coin de rue (ma mère ce positivisme) mais cela n'a pas spécialement influé sur ma vie ou disons plutôt que je me sis construis en réaction à. J'ai assumé qu'il y avait des risques et accepté de les subir/affronter puisque je n'avais de toutes façons pas tellement le  choix si je voulais faire des trucs amusants.

Et puis j'ai reçu de plus en plus de témoignages de femmes qui avaient peur ; beaucoup par exemple n'écoutaient pas de musique pour être sûres d'entendre un agresseur. Je me suis vaguement demandée si je devais faire de même ; je n'ai pas changé d'avis mais.

Est ensuite survenue la fameuse page du ministère de l'intérieur ; je faisais TOUT ce qu'ils disaient qu'il ne fallait pas faire.
En sortant de mon RER j'ai environ un kilomètre à faire à pied pour rentrer chez moi ; banlieue pavillonnaire, immenses avenues vides, un raccourci de 50 mètres quasi pas éclairé.
Pour la première fois de ma vie, alors que j'ai écrit et ai totalement conscience de la stupidité de ce texte, je suis tombée dans la faille.
Et si j'avais tort. Et si ce raccourci qui m'évite une boucle immense était  dangereux. Et si faire 1 kilomètre à pied à minuit était dangereux. Et si écouter de la musique était dangereux.
Un mec mardi soir m'a sorti l'habituel "dangereux d'être seule à cette heure là". Et puis il m'a suivie ; la démonstration par l'exemple sans doute. Je n'ai pas eu spécialement peur mais je me suis encore une fois questionnée.

Alors je vais évidemment continuer à rentrer à pied de nuit.
Je ne laisserais à personne le droit de me dire, s'il m'arrive un truc, que je l'ai cherché. A personne sauf peut-être à moi, le ver est dans le fruit. Je pensais être plus forte que des conditionnements sexistes de ce style, plus en âge d'y succomber et non.


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