Etienne Ndjonkou, magistrat de 4ème grade, est accusé de «faute lourde». Le président de la Cour d'appel de l'Est, Etienne Ndjonkou, est suspendu de ses fonctions pour une période de six mois, renouvelable, avec interdiction de toute présence dans son bureau et au palais de justice de Bertoua.
Il est également déchu de ses droits de pension pendant cette période. D'après nos informations, cette décision a été prise il y a trois semaines environ par le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Laurent Esso. «II s'agit d'une mesure conservatoire, au vu des faits graves qui lui sont reprochés», déclare un fonctionnaire en service au palais de justice de Bertoua. On n'en sait pas plus sur la raison exacte de cette sanction. «Les faits qui lui sont reprochés ne se sont pas produits à Bertoua. Ce sont des faits qui ont eu lieu pendant qu'il était en service à Douala. La procédure disciplinaire suit son cours normal», poursuit notre source.
Notre interlocuteur fait savoir qu' «il faut maintenant attendre la convocation du Conseil national de la magistrature pour que Etienne Ndjonkou soit définitivement fixé sur son sort». Même si officiellement on n'est pas fixé sur les faits qui sont reprochés à Etienne Ndjonkou, des indiscrétions au palais de justice de Bertoua font état de ce que le magistrat est impliqué dans une affaire d'escroquerie qui remonte à son séjour Douala où il était en fonction avant d'être nommé à l'Est.
Au palais de justice de Bertoua, l'absence de la plus haute autorité judiciaire de la région est remarquée par certains usagers. «Voilà dix jours que j'essaye de rencontrer le président de la Cour d'appel, mais au secrétariat, on me dit qu'il n'est pas là, il faut repasser», déclare Ismaël Baba rencontré à l'entrée du secrétariat du président de la Cour d'appel le 12 novembre. Non loin de là, la salle d'attente entrouverte est vide. A l'intérieur du secrétariat, les trois personnes qui s'y trouvent sont derrière leurs ordinateurs. Elles s'occupent à travers «zuma» et le «solitaire». Lorsque le reporter demande à rencontrer le président, la secrétaire lui fait plutôt savoir qu' «il est en congé depuis trois semaines». Devant notre insistance, elle nous conseille d'aller le rencontrer à son domicile. Rendu au quartier Mokolo à Bertoua où se trouve la résidence du magistrat, la ménagère qui nous a reçu, vers 11h, devant le portail noir de Etienne Ndjonkou, nous a fait savoir qu'il n'y a personne.
Au greffe de la Cour d'appel, un agent rassure avec un air embarrassé: «Malgré l'absence du président, les dossiers continuent d'être traités. Il y a des magistrats qui s'en occupent». L'intérim d'Etienne Ndjonkou est assuré par le premier vice-président de la Cour d'appel de l'Est.