Un nouvel épisode de la guerre Airbus-Boeing cette fois-ci, il s'agit de la taille des sičges. Un épisode moins anecdotique qu'il n'y paraît...
Ainsi donc, dans son immense bonté, Airbus appelle l'industrie aéronautique ŕ définir une nouvelle norme de confort sur les vols long courrier. Airbus propose, en effet, que les sičges de classe économique soient larges de 18 pouces, c'est ŕ dire de 45,72 centimčtres. 18 pouces, alors que de nombreuses compagnies équipent leurs appareils de 17 pouces de large. Alors moi, passager lambda, si on m'interroge, je préfčre évidemment un sičge plus large, celui de 18 pouces. 1 pouce de plus, ŕ y bien regarder, c'est seulement 2,54 cm de plus. C'est peu de chose évidemment, si l'on n'a pas lu le dossier complet fourni par Airbus. Le constructeur européen s'adosse sur des recherches menées au London Sleep Center. Nous avons męme eu droit ŕ des vidéos prises pendant le sommeil des cobayes. Le London Sleep Center a męme transformé une partie de son établissement en cabine de façon ŕ ętre aussi proche que possible des conditions réelles d'un vol complet. L'éclairage reproduisait le coucher et le lever du soleil. Les bruits des moteurs au décollage et ŕ l'atterrissage ont été diffusés pendant l’expérience de męme que le bruit fait par les hôtesses desservant les plateaux. Nous étions bien dans la simulation plus vraie que nature.
Résultat, les cobayes bardés de capteurs qui sont tombés sur un sičge 18 pouces ont bien mieux dormi que les malheureux allongés sur leur sičge de 17 pouces. Ils n'ont mis que 6 minutes pour s'endormir. Ensuite, ils se sont réveillés bien plus en forme; les enregistrements, notamment des ondes cervicales,montrent que leur sommeil était plus profond et moins perturbé. Ils ont également moins bougé que leurs confrčres ou consœurs dormants dans leur petit lit; ŤLes contractions involontaires des membres ont été réduites de 11 %ť selon le docteur Irshaad Ebrahim du London Sleep Center.
Alors, vous me direz tout cela pour ça et pour 2,54 centimčtres, il y aurait de quoi sourire mais Airbus se dévoile rapidement dans son dossier en donnant la parole ŕ Kevin Keniston patron du confort du passager du constructeur européen. Celui ci déclare, en effet, Ťil faut que l'industrie de l'aviation prenne une position immédiatement car, en cas de refus de la nouvelle norme, il sera demandé ŕ la prochaine génération de passagers de voyager sur des sičges basés sur des normes obsolčtesť.
Certes, les compagnies, notamment les low cost ont tendance ŕ tasser leurs passagers dans le but d'obtenir une baisse des coűts. Ceci alors que parallčlement, les passagers ont tendance ŕ grossir et puis les avions volent de plus en plus longtemps. Aujourd'hui 70% des vols quotidiens restent en vol plus de 13 heures d'oů la nécessité d'améliorer le confort du passager. Un sondage réalisé sur 1500 passagers dans les aéroports de Singapour Paris Charles de Gaulle, Francfort et Amsterdam révčle que les passagers choisissent la compagnie en fonction de la largeur du sičge et loin devant la commodité de l'horaire du vol.
En conclusion, disons que l'enquęte d'Airbus est largement pipée. Chacun sait que ce sont les compagnies qui choisissent les sičges qu'elles installent dans leurs avions; le constructeur n'étant qu'une force de proposition. Et puis, peut-on imaginer que les standards d'un seul constructeur puissent ętre adoptés par tous les autres. Et qui donc serait chargé de la norme? On ne voit pas vraiment l'OACI s'occuper de ce problčme Ťménagerť. Enfin, je n'aurais pas la cruauté de vous dévoiler que l'étude du London Sleep Center n'a été menée que sur 6 passagers seulement...
Pour conclure, disons que nous sommes tous d'accord pour avoir un sičge le plus large possible et aussi de la place pour allonger les jambes. Tiens, Airbus a oublié de parler de l’écartement des sičges.. Attendons, ce sera peut ętre l'objet d'une prochaine étude que nous ne manquerons pas de vous commenter.
CARTON ROUGE pour terminer, ŕ British Airways qui a refusé l'embarquement ŕ un jeune français Kevin, 22 ans sur un vol Chicago Londres. Certes, Kevin pčse 230 kilos. Le pire dans l'affaire, c'est que la compagnie britannique l'avait amené ŕ Chicago et qu'elle a refusé de le ramener at home. Alors, je ne sais pas si c'est le commandant de bord qui a refusé Kevin pour des raisons de sécurité. Oui messieurs les Anglais, un peu d'humanité s'il vous plaît, vous ętes pour moi aujourd'hui, Ťthe worth company in the worldť.
Gérard Jouany - AeroMorning