La France est en feu. Hobbes l’avait prédit. Hollande l’a fait !
Publié Par Philippe Bouchat, le 15 novembre 2013 dans PhilosophieRegard sur l’actualité politique présente à travers les lunettes de Hobbes.
Par Philippe Bouchat.
La France est en feu. Au propre, comme au figuré. S’en indigner est légitime. Mais facile et surtout inutile. Car les solutions qui sont préconisées habituellement – prévention et répression – se sont avérées être, au mieux, des emplâtres sur une jambe de bois. Faut-il dès lors se résigner et voir dans cette éruption de la violence un signe de notre temps ? Non ! Tant le bon sens le plus élémentaire que la morale – quelle qu’elle soit, confessionnelle ou non – commandent au contraire de demeurer debout, fermes, et de lutter sans cesse pour une humanité libre et paisible.
Cherchons plutôt les fondements de cette violence qui s’exprime partout et en permanence. Pour ce faire, interrogeons le passé et, en particulier, le grand penseur anglais Hobbes1. Dans son célèbre ouvrage, Le Léviathan, Hobbes analyse les trois causes principales de conflit que sont la compétition, la défiance et la gloire. « La première pousse les hommes à attaquer pour le profit, la seconde pour la sécurité et la troisième pour la réputation. » Dit autrement, les hommes peuvent, naturellement, devenir violents pour acquérir des biens (compétition), les défendre (défiance) ou pour qu’on les estime (gloire). Par rapport à la troisième cause, Hobbes explique qu’elle peut se déclencher pour « des détails, comme un mot, un sourire, une opinion différente et tout autre signe qui les sous-estime ». Terrible actualité de Hobbes qui aurait pu ainsi commenter les violences quotidiennes dans les écoles et quartiers sensibles où l’on peut tuer pour un regard considéré comme manquant de respect2.
Après avoir ainsi expliqué les causes profondes de la violence naturelle, Hobbes développe alors l’idée du pacte de non-agression que les hommes passent entre eux en abandonnant cette liberté de nuire à autrui à l’État dont la mission essentielle – dans l’acception philosophique de ce terme – consiste donc à neutraliser cette violence naturelle et s’assurer du caractère paisible de la cité.
Si nous nous focalisons maintenant sur le présent en le regardant à travers les lunettes de Hobbes, que voyons-nous ?
1. Un État qui entrave fortement, voire empêche, les individus et les entreprises de faire du profit, au sens hobbésien d’acquérir des biens. Les normes contraignantes sont de plus en plus nombreuses, volumineuses et complexes et découragent l’initiative. Les prélèvements sont au plus haut et découragent l’embauche. La formation n’est pas adaptée aux nouvelles exigences des entreprises et crée donc du chômage structurel.
2. Nous pouvons également voir cet État confisquer ce qui a néanmoins pu être produit et acquis, malgré ces nombreuses entraves. Les taxes battent en effet des records en nombre et en importance. La taxe de 75% et l’écotaxe ne sont que des révélateurs symboliques de cette confiscation du labeur de tout un chacun.
3. Nous pouvons voir, enfin, l’État attaquer l’identité de la Nation française décrite par Charles de Gaulle comme étant « catholique, de race blanche et de culture gréco-latine ». Il ne s’agit pas ici de racisme3. Mais du sentiment de la majorité, de moins en moins silencieuse, de ne plus être respecté dans les traditions qui ont forgé son identité. Le « mariage » pour tous et les repas halal dans les cantines sont deux exemples, deux symboles, de ce malaise. Mon propos n’est pas ici de le regretter ou de s’en féliciter4, mais de poser un simple constat : les Français dits de souche ne se sentent plus respectés au même moment où les étrangers et Français d’origine étrangère ne sentent pas respectés par l’État, ses agents et ses représentants. Finkielkraut explique ce malaise par le fait que nous vivons à l’époque « du plus jamais ça » faisant suite à l’Holocauste et à la colonisation : de peur de retomber dans ces travers, l’Européen, et donc le Français, est tombé actuellement dans le travers inverse du déracinement et de l’idolâtrie de l’Autre.
Notre époque voue aux gémonies qui nous sommes et préfère porter au pinacle ce que nous ne sommes pas. Raison pour laquelle les ouvriers ont abandonné la gauche classique qui préfère son nouvel électorat arc-en-ciel (les LGBT, les féministes, les nouveaux immigrants, les jeunes). Raison pour laquelle le FN est devenu le premier parti ouvrier de France, non pas que les Français soient devenus plus racistes qu’avant, mais ils se sentent de plus en plus mal à l’aise et perdus face à un monde qui a tout chamboulé autour d’eux, alors qu’ils professent toujours un monde menacé de disparition.
Amis Français, votre peuple a une grande histoire, une belle et glorieuse Histoire ! Mais la gauche politique, depuis son avènement au milieu du XIXème siècle n’a cessé de saper les fondements de votre civilisation universaliste ancrée dans de magnifiques traditions. Quant à la gauche actuelle, en empêchant que vous acquériez des richesses, en confisquant ce que vous avez pu accumuler et, surtout, en détruisant de manière méthodique les ressorts de l’identité nationale, a créé les conditions de l’éclatement de la violence que nous subissons. Hobbes l’avait prédit. Mais la gauche se caractérise justement par la suppression des traditions, des héritages, des passages de témoins. Elle n’est pas en mesure de tirer les leçons du passé.
La suite ? Il suffit de lire Hayek qui, dans son ouvrage-clé La route de la servitude, nous enseigne que le fascisme et le nazisme ont des racines socialistes au sens qu’il donne à ce moment. C’est lorsque la gauche prospère que le ferment de la violence et de la destruction du tissu social atteint son point culminant. Ce n’est pas encore la nuit des Longs Couteaux, mais celle de Cristal semble avoir bien commencé en Bretagne et ailleurs. Est-ce une fin fatale ? Non si on tire les leçons du passé. Hobbes nous montre la voie. Mais la gauche sait-elle tirer les leçons du passé ?
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Sur le web.
- Les citations du Léviathan sont extraites du dernier livre d’Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse, dont je viens de terminer la lecture et au sujet duquel je prépare un article. ↩
- Finkielkraut rappelle avec justesse que le respect, selon Hobbes, est « la volonté manifestée par chacun d’être évaluée par son voisin au prix qu’il s’évalue lui-même », alors que pour Kant, le respect est au contraire « la restriction de l’estime de soi-même ». Cette antagonisme des définitions met en exergue une guerre des respects qui, selon Finkielkraut, est une véritable guerre de civilisation. ↩
- Telle est la thèse de Finkielkraut qui en appelle à Lévi-Strauss : « on ne saurait ranger sous la même rubrique (ndla : le racisme) ou imputer automatiquement au même préjugé l’attitude des individus ou des groupes que leur fidélité à certaines valeurs rend totalement ou partiellement étrangers à certaines valeurs. Ne pas confondre donc racisme et quant-à-soi. Il n’est nullement coupable de placer une manière de vivre ou de penser au-dessus de toutes les autres et d’éprouver peu d’attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s’éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. » ↩
- Pour connaître mon opinion sur ces questions, il suffit de lire mes articles publiés par Contrepoints ou sur mon blog. ↩