On ne le sait que trop rarement mais Zadko Preskovic a finalement réussi à faire fortune. Je sais que cela peut étonner mais ses talents de pâtissier se sont avérés bien réels, ou du moins ont rencontré leur public.
On se souvient de ses débuts peu prometteurs à l’époque, quand dans son petit logement il confectionnait artisanalement ses fameux doubitchous de Sofia dont le secret de fabrication résidait dans le fait qu’ils étaient « roulés à la main sous les aisselles » selon ses dires. Qui, alors, se serait douté qu’un avenir brillant attendait ces misérables gâteaux ? Certainement pas ses voisins, cobayes de ses expériences culinaires.
Toujours est-il, que plusieurs années plus tard, retourné dans son pays grâce à un vol charter payé par l’Etat, monsieur Preskovic a réussi à monter sa petite entreprise, timidement au début puis hardiment devant le succès rencontré par sa production devenue dessert préféré des meilleures tables de la ville. Ce qui a plu, c’est le côté artisanal de la fabrication, le retour aux valeurs essentielles, le travail et la sueur surtout. La petite boutique d’un quartier excentré de Sofia s’est transformée en une chaîne de magasins disséminés à travers tout le pays, une rumeur courant que Mr Preskovic pourrait tenter l’aventure internationale. Même Paris, serait prête à revoir les conditions de son retour, un riche groupe financier se proposant pour une association fructueuse. Un appartement bien placé au cœur de la capitale et une voiture à peine sortie d’usine attendent l’arrivée du magnat des doubitchous.
Le minable petit immigré avec du poil dans le nez, est devenu un riche homme d’affaires et il veut le faire savoir. Revanche sur la vie. Sa dernière lubie, obtenir une plaque d’immatriculation à son nom pour sa voiture de luxe. L’administration devenue bienveillante, envisage de satisfaire à sa demande d’ici les fêtes de fin d’année. Le Père Noël n’est donc plus une ordure.