La première ministre du Québec Pauline Marois a fait un discours retentissant à la clôture du dernier congrès du parti Québécois qui prône la séparation du Québec du Canada.
Elle a dit « nous aimons tellement les gens qui y vivent, que nous caressons pour eux un très grand rêve. Nous voulons que le Québec soit un pays libre et indépendant ! ». C’est son rêve, je la comprends. Mais beaucoup de Québécois aiment leur Québec sans qu’il soit nécessaire de briser le Canada, le pays de leurs ancêtres.
Elle a continué « si le Québec était un pays, il serait le 18e plus grand du monde… riche en ressources et d’une population parmi les plus scolarisées et les plus créatives du monde ». Mais notre pays le Canada est le 2e plus grand au monde et sa population a toutes ces qualités.
Elle a ajouté en comparant le Québec d’aujourd’hui avec celui de 1995: « Le poids de notre dette est moins élevé. Notre cote de crédit s’est améliorée. Notre solde budgétaire également. Les Québécois sont individuellement plus riches. La pauvreté a reculé aussi. Jamais le Québec n’a compté aussi peu de familles sans emploi ou vivant de l’aide sociale ». Mais c’est la même chose partout au Canada pour chaque Canadien. Elle omet de dire que cela s’est concrétisé alors que le Québec faisait partie du Canada et que Jean Charest était PM du Québec pendant 10 ans. Plusieurs provinces « pauvres » sont devenues des provinces « riches » durant ce temps comme le souligne le système de la péréquation. Elle omet les données de l’OCDE qui estime qu’un Québec indépendant serait le cinquième pays le plus endetté au monde, alors que le Canada est le 14e..
Elle a affirmé : « Si le Québec était un pays, il serait au 19 e rang de l’OCDE au chapitre du produit intérieur brut par habitant ». Actuellement, le Canada est au 9e rang.
Elle a rajouté: « Nous serions 9e quant à la proportion de notre population qui occupe un emploi ». Le Canada est 2e.
Elle a déclaré : « Je suis convaincue que le Québec aurait pas mal plus de moyens s’il était indépendant. Quand Ottawa investit 10 milliards pour l’industrie de l’auto, il y a 2 milliards qui viennent du Québec. Quand Ottawa donne des contrats de 25 milliards pour la construction de navires à Halifax, 5 milliards viennent de chez nous ». Du même souffle, elle refuse de reconnaître les centaines de millions en sous-contrats accordés à des entreprises Québécoises pour ces projets. De plus, elle ne cite pas les projets fédéraux au Québec, comme le sera celui du nouveau pont Champlain estimé à un coût de 3 milliards $ par Ottawa, duquel 2,4 milliards viendront des autres provinces et les centaines de milliards pour les projets passés et nouveaux d’infrastructures où 80% de ces fonds sont venus et continueront de venir des autres provinces. Et les décisions fédérales qui favorisent le Québec comme la concentration de l’industrie de l’avionnerie à Montréal qui crée plus de 70 000 emplois, pourquoi ne les souligne-t-elle pas ? On peut poser la question, si le Québec est indépendant, le domaine de l’avionnerie demeura-t-il à Montréal ?
Elle a lancé : « … de rester dans le Canada est risqué. C’est risqué d’être soumis aux décisions d’Ottawa. C’est risqué de demeurer dans un pays qui évolue dans une direction opposée à la nôtre ». Pourtant, le passé n’indique pas cela. Certes, le Québec et d’autres provinces ne sont pas toujours en accord avec Ottawa. On a vu dans le passé des luttes mémorables entre les PM Duplessis, Lesage, Johnson, Lévesque et Parizeau et le PM canadien sur des sujets de taxation et des sujets constitutionnels. Le Québec a gagné plusieurs de ces débats importants.
La « direction opposée » dont parle Pauline Marois a rapport avec les politiques du gouvernement du PM Stephen Harper sur la question de l’environnement, des armes à feu, des peines de prisons trop sévères, des valeurs immobilières, de l’assurance-emploi, etc… Je lui donne raison sur plusieurs de ces points, malgré que je sois sympathique à la couleur du parti d’Harper. Je ne partage absolument pas plusieurs des opinions et des positions politiques conservatrices de ce dernier. Mais, on ne jette pas un pays à terre à cause d’un gouvernement qui occupe momentanément le pouvoir.
Les Québécois ont à leur crédit une grosse part du mérite de ce qu’est le Canada d’aujourd’hui. Des chefs de notre milieu : Lafontaine, Cartier, Laurier, Saint-Laurent, Trudeau, Mulroney, Chrétien, Martin se sont avérés des leaders exceptionnels qui ont bien dirigé notre pays pour en faire aujourd’hui un modèle sur la scène mondiale. Que le PQ ne cherche pas à nous faire croire avec un discours teinté de négativisme et d’arguments de croques-mitaines, qu’il y va de notre intérêt de casser ce beau pays bâti par des gens de chez nous.
Tous les Québécois élus de tous les partis politiques des deux niveaux du gouvernement, défendent le Québec. Pas de la même façon, c’est évident. Pauline Marois s’est ridiculisée en affirmant qu’« il n’y a que le Parti Québécois qui défend les intérêts du Québec ». Qu’elle continue à travailler avec les autres partis et ses collègues des autres provinces, et elle verra qu’elle peut défendre positivement nos prérogatives.
Elle veut un système de transport léger sur rail sur le pont Champlain. Elle l’obtiendra si elle adopte l’attitude de convaincre au lieu de blâmer. Elle profite de l’indignation de plusieurs qui s’élèvent contre un possible péage sur le pont Champlain pour critiquer encore le fédéral. C’est de la petite politique. Pourquoi n’a-t-elle rien dit lorsque le péage a été imposé sur le pont de la 125 au nord de Montréal. Le seul sur la rive nord.
« Depuis la confédération, combien de temps avons-nous perdu en rondes constitutionnelles, en rencontres fédérales-provinciales, en réunions de fonctionnaires ? » s’est-elle exclamée ! N’est-ce pas une chose normale dans un grand pays comme le Canada ? Les autres pays de l’Occident sont aussi maintes fois engagés dans des débats interminables. Le résultat de toutes ces rondes et réunions a fait du Canada un des pays les plus enviés de la planète. « Si on choisit d’en finir avec la chicane et de nous tourner vers l’avenir, il n’y a aura plus de conflits entre le Canada et le Québec ». Pour elle « en finir » veut dire « séparation ». Si elle pensait coopération au lieu de renonciation et montrait un peu de loyauté au Canada, ce serait peut être mieux pour tout le monde.
Elle veut « en finir avec le multiculturalisme et de choisir le « mieux-vivre-ensemble ». Des mots vides qui ne veulent rien dire et qui ne correspondent pas à la réalité. Le Québec moderne est multiculturel. Depuis plus de cent ans des vagues d’immigrés de toutes races et religions se sont succédées : irlandais, écossais, grecs, italiens, juifs, polonais, lithuaniens, arabes, haïtiens, asiatiques, tamuls, etc… et cela ne s’arrête pas. Nous sommes un pays riche et les pauvres y voient une possibilité pour assurer le bien-être de leur famille. En grande partie tous ces néo-québécois parlent de plus en plus français. Notre défi est d’accueillir et d’intégrer tous ces gens dans notre culture et de montrer suffisamment de créativité pour qu’ensemble nous puissions bâtir notre économie. C’est manquer d’audace et de réalisme que de nier cela.
Un vrai gouvernement québécois doit se dédier à réaliser ces défis importants. Ainsi, nous serons plus fiers de notre coin du monde où la liberté, le respect et la qualité de vie seront au rendez-vous pour tous.
Claude Dupras