Autoportrait - septembre 2013
Comment as-tu fait tes premiers pas dans la musique ?
C'était à l'école primaire, j'avais 9 ans, j'allais aux toilettes quand soudain j'ai entendu quelqu'un qui jouait de la clarinette; ce son, je ne l'avais jamais entendu auparavant. En rentrant chez moi, j'ai demandé à ma mère si je pouvais apprendre à en jouer. Et il s'est avéré que lorsque mon grand-père est décédé, j'avais alors 3 ans, il a légué sa clarinette à ses descendants. Mes oncles ont accepté de me la donner et depuis, je n'ai jamais arrêté d'en jouer. Grâce à l'enseignement musical que j'ai reçu, j'ai pu assez facilement passer d'un instrument à un autre, du saxophone tenor au piano, instrument que j'ai appris seul. C'est comme ça que j'ai commencé à écrire des chansons et à chanter...
Tes deux frères ont-ils aussi l'oreille musicale ? Mon frère aîné a commencé récemment à apprendre à jouer du violon et mon autre frère écoutait du grunge dans les années 1990, il adorait Nirvana, Pearl Jam et jouait de la guitare électrique. Il y joue d'ailleurs toujours mais il n'a pas le sens du rythme, ce qui ne l'empêche pas d'apprécier de prendre sa guitare !
Pourquoi affirmes-tu que ton environnement familial constitue un élément déclencheur pour ton inspiration ? J'ai l'impression que cette prédisposition pour la musique est innée, je l'ai dans le sang. J'ai donc cherché à savoir d'où je venais pour mieux comprendre qui je suis. L'histoire de ma famille mêle romance et injustice... En effet, Jack Robinson était un des derniers bandits anglais à être pendu à Tyburn, Lors Burgess a couché avec une bonne qui a donné naissance à un bâtard, mon arrière grand-père, laissé à l'orphelinat. Tout cela mélangé avec des histoires de miniers, de femme battues, d'alcoolique, sans oublier les Tinkers, une lignée d'Irlandais vendeurs de chevaux et grands voyageurs qui sont arrivés en Angleterre après la grande famine irlandaise (ndlr: 1845 - 1851). Quand j'écris mes chansons, toutes ces histoires sont omniprésentes. Andy Robinson - Always talk to strangers
En 2005, dans ton album England's Bleeding, tu as écrit une chanson au rythme fabuleux intitulée Always talk to strangers, quelle histoire se cache derrière cette chanson ? J'ai écrit cette chasnon en hiver, alors qu'il faisait très froid, le genre de froid glacial que tu ressens au moment de mourir. Il faisait nuit et les rues étaient remplies d'éclats de rire, de gens aux joues rosées portant des gants et des manteaux bien chauds, buvant du vin chaud. En passant dans une de ces rues plein de monde, j'ai baissé le regard et j'ai vu un homme assis par terre, affamé et surtout très seul. Je me suis assis à côté de lui, j'ai roulé une cigarette, un groupe de jeunes est passé devant nous, l'un d'entre eux à frappé dans la jambe de ce SDF comme si c'était un ballon de football. Je lui ai alors dit "venez, on va boire un verre". On est allé dans un bar, on a bu quelques bières, il m'a raconté sa vie. Il était écrivain et m'a montré ce qu'il rédigeait. Avant que je parte, il m'a dit "personne ne parle jamais aux étrangers" (ndlr: "no one ever talks to strangers").
Dans la chanson England's Bleeding, tu fais une triste observation de l'état de l'Angleterre, aujourd'hui ton point de vue est le même ? Non, je pense que le pays est en plein redressement. L'attitude des gens est meilleure, un réveil général s'est opéré.
Après ton album England's Bleeding tu as sorti Beneath the Ballrom, que raconte cet opus ? C'était une période un peu confuse pour moi, je ne savais plus vraiment quel genre de musique je voulais faire. J'étais complètement obsédé par les silences que contenaient ma musique, je voulais absolument remplir chaque silence de chaque chanson avec n'importe quel instrument. Je n'avais pas une vision très claire de la production de mes chansons, je changeais d'avis à chaque titre. C'était une période très frustrante qui a abouti à un album qui, si on le compare à une famille contenait plein d'enfants adoptés, sans aucun lien les uns avec les autres, je les aime tous mais ce sont des îles désertes. Il est cependant important pour moi de me rappeler de cette période, surtout avant d'entrer en studio.
Tu as sorti cet année, un album intitulé Willamina Machine, qu'est-ce que cela veut dire ? Willamina est une petite ville située en plein milieu d'une fôret. Jack Willamina y vivait et avait inventé une machine pour réparer les coeurs brisés. Mais sa machine a pris feu, elle a alors saccagé la ville, brisé le coeur des habitants, leur confiance en eux et menaçait leur bonheur. Jack a alors capturé la machine, il l'a détruite puis enterré dans un endroit où jamais personne ne pourrait la trouver. Et personne ne vit jamais plus Jack ni sa machine. Toute cette histoire est bien sûr un mythe ! En mémoire de cet inventeur, la ville a alors pris son nom "Willamina" et son invention fut appelée "Willamina machine".
Pourquoi es-tu parti aux Etats-Unis pour faire cet album, tu avais besoin d'un nouvel endroit pour trouver de l'inspiration ?
Ma grand-mère est décédée et m'a laissé 700£. C'était une période où je n'avais pas trop de chance et je n'avais écrit aucune chanson depuis un an. J'ai donc décidé d'aller en Californie. J'ai acheté un billet d'avion, j'avais rassemblé mes affaires dans un sac, j'ai pris ma guitare, ma clarinette et arrivé à l'aéroport de Los Angeles j'avais environ 20 dollars en poche. Le jour de mon arrivée, j'ai dormi dans la rue à Venice Beach, je tenais ma guitare entre mes jambes et ma clarinette dans mes bras. J'ai été réveillé par le soleil et le bruit des vagues. Toute la journée, j'ai joué de la guitare dans le rue et j'ai récolté 97 dollars. J'ai ainsi pu me trouver un hôtel et après plusieurs concerts dans la rue, j'ai pu m'installer dans un appartement en colocation à Hollywood. Mon meilleur souvenir: lorsque je me suis retrouvé au Norm's Café avec la fille dont je suis tombé éperdument amoureux. Lorsque j'ai emménagé avec elle, j'ai pensé que je me marierai avec elle, on était heureux mais elle avait un mari et l'a d'ailleurs toujours...
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