Titre : Mediaentity, T1
Scénariste : Simon
Dessinatrice : Émilie
Parution : Août 2013
« Mediaentity » est une initiative qui se veut trans-media. En effet, d’après le site qui est consacré à cet univers, il « se décline sur plusieurs supports. Poursuivez l’aventure en découvrant les albums de BD, le jeu de rôle, le recueil de nouvelles, les jeux de pistes, ou encore la web-série à tourner soi-même. » Le tout est disponible en license Creative Commons (les contenus peuvent être copiés, modifiés et distribués gratuitement). Tout, sauf l’album de bande-dessinée dont il est question ici… Celui-ci est publié chez Delcourt et pèse par moins de 60 pages. Il est scénarisé par Simon et dessiné par Émilie.
Le projet paraît ambitieux, mais qu’en est le sujet ? Nous sommes ici dans un monde proche du notre où les personnes possèdent une entité, sorte de super réseau social capable d’interagir à notre place sur internet en se basant sur nos réponses habituelles. Cette entité est privée mais devient tellement importante que les états envisagent de s’en servir comme pièce d’identité. Nous voilà donc avec une critique des Facebook, Twitter et consorts, façon anticipation. Sauf que cet univers que je vous décris, il nous est réellement expliqué lors des dernières pages, après la bande-dessinée, dans des « articles » de journaux…
Une perte de 5 milliards
C’est là que le bât blesse sévèrement. Après 60 pages de lecture, le lecteur tombe sur ce cahier supplémentaire qui lui explique de façon très didactique l’univers… Histoire de combler l’échec de ce premier tome ? Car il est question ici d’un trader, le meilleur d’entre tous, qui se retrouve avec une perte de 5 milliards d’euros. Vous avez dit Kerviel ? Sauf qu’ici, notre « héros » n’était pas devant son ordinateur, qu’il avait laissé connecté. En effet, il avait passé l’après-midi avec une femme. Outre le côté très improbable de ce postulat de départ, on n’a rien ici de très original. Éric Magoni va alors partir en cavale.
Je n’ai absolument pas été accroché par cette histoire. Elle est beaucoup trop classique et accumule les poncifs du genre, sans nous présenter l’univers de Mediaentity. Du coup, la frustration pointe. Quel intérêt de créer un univers disponible sur plusieurs supports si c’est pour accoucher d’une souris dans cet album ?
Côté dessin, Émilie possède un trait nerveux qui convient plutôt bien à la série, mais il y a encore beaucoup de lacunes. Certaines cases sont vraiment trop vides ou trop relâchées. Son travail est assez inégal et force trop sur les grandes cases. Les 60 pages se lisent donc bien vite.
Je n’ai vraiment pas accroché à cette bande-dessinée. Sous couvert de réalité augmentée, les auteurs ont oublié qu’un univers ne fait pas une bonne bande-dessinée. Et surtout, cet univers reste étonnamment inexploité ici. En espérant que le prochain tome proposera une histoire plus originale et surtout un peu plus dense. Mais ça risque d’être sans moi.
Par Belzaran
Note : 8/20