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Un petit bijou ce Muxu !

Publié le 14 novembre 2013 par Les Assiettes De Juliette @AssiettesdeJu

En basque, Muxu (prononcez Mouchou), ça veut dire bisou. Et à ce compte-là, on veut bien tendre l’autre joue.  A moins de zozoter, vous avez donc réussi  à prononcer le titre de cet article et le nom de ce nouveau resto qui buzz les alentours de Goncourt. Bon point. Il ne vous reste maintenant  plus qu’à vous y rendre les yeux fermés et la bouche en cœur pour goûter une cuisine qui renouvelle enfin le comptoir parisien, entre brasserie et gastro. Vous pourrez alors vous aussi lancer comme Albert de Belgique lors de son abdication, un ferme mais sincère : « gros kiss à Paola».  Hors de tout protocole.

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Le Muxu, c’est l’adresse qu’on voudrait avoir en bas de chez nous. Celle où on peut passer déjeuner à l’improviste un jour de pluie entre deux rendez-vous, celle où on aime se retrouver entre potes un vendredi soir, et même celle où traîner les auteurs de vos jours un dimanche en absolue confiance. Bon, il faudrait déjà qu’ils localisent le coin Saint-Maur/Deguerry, mais ça, c’est une autre histoire que nous laissons le GPS gérer. C’est bientôt Noël.

L’intérieur « esprit factory » (murs gris tagués, parquet brut, chaises noires)  doit encore se patiner un peu mais l’idée est là. Et on apprécie particulièrement que la touche Sud-Ouest reste discrète. Avec un nom basque, on aurait pu s’attendre à un festival de drapeaux rouge et vert, à des ribambelles de piments d’Espelette et à des autocollants 64 cachés un peu partout. Et bah non, point de béret, de nappes Jean Vier, d’espadrilles ou de fêtes de Bayonne. Les seules cornes sont celles d’une tête de taureau jaune poussin au-dessus de la porte de la cuisine et la seule patte des Landes se retrouve dans quelques « unes » du Midi libre au lendemain de matchs de rugby victorieux. C’est le charme discret du régionalisme.

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Mais revenons à l’assiette, excellente surprise pour nos commissures avides. Nous qui aimons être surpris, on a été servis, bien servis (notez les zyeux bleus du Moôosieur…), et ravis. Pas de congelé à l’horizon, pas de tout prêt, tout est fait maison et minute (pas de rapport avec l’actualité, merci).

La formule du midi est plus qu’abordable, mais comme on ne recule devant aucun sacrifice, on a choisi la carte en débutant par la salade de sprats fumés, poireaux crayon et radis redmeat. Joli tableau de couleurs et de saveurs. Pour éviter à certains de rouvrir leur Larousse, le sprattus sprattus est un joli poisson au ventre argenté qui ressemble au hareng. Fumé, il gagne en souplesse et en tendreté sans être pour autant trop salé, et relevé d’une vinaigrette à l’huile de sésame, c’est le parfait accord. On savoure.

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On a ensuite longuement hésité, puis éloigné à regret pour cette fois au moins, la lotte rôtie au crémeux de maïs, cacahuètes et chou romanesco. Et malgré une appellation quelque peu pharmaceutique, notre estomac a alors accueilli volontiers le risotto de chorizo à la gastrique d’orange. L’équilibre est impeccable, le chorizo se tient et ne déteint pas sur le riz juste ferme.  La sauce est juste un poil trop liquide mais c’est vraiment un détail. Le tout est parsemé de suprêmes d’orange et de pluches de persil frais et de livèche (Larousse calling : une herbe de l’apparence de la coriandre au goût de céleri).

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Tout ça est extrêmement copieux, mais  comme disait Pascal Obispo, « Lucie, y faut s’forcer parfois ». On n’a donc pas résisté à passer par la case dessert qui présentait ce jour-là un carrot cake au chutney de kiwi et à la mousseline de yuzu. Le yuzu, c’est un peu le cherchez Charly de la cuisine du moment, une saveur un peu entêtante qui gagnerait à être un peu moins présente dans les assiettes. Là, pas de remontrance, c’est léger et se marie très bien avec le côté terrien du carrot cake. On est « fanes ».

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En regardant par la fenêtre, on n’a pas pu s’empêcher de sourire en voyant sur le trottoir d’en face, la Bodega, bar tabac de son état qui lui, joue le 64 à mort, Irouleguy et casse-croute pintxos à gogo. On se dit qu’il doit faire la gueule depuis que le Muxu à ouvert…Remarquez, il lui reste les clopes, les stimorols et les numéros fétiches. Avec ça, on peut faire de très bonnes soirées….A quand le Muxu number 2 ?

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Où : 16 rue Deguerry, 75011 Paris – +33 1 48 07 44 43

Quand : matin, midi et soir. Et même en sortant de la messe, l’église est en face.

Avec qui : le Muxu, c’est passe-partout. Mais là, on dirait plutôt un beau brun sympathique.

A vos pieds : et non, pas d’espadrilles ! Plutôt des low boots bordeaux pour changer.

Dans votre ipod : Allez… on ose : Big bisou, Carlos.


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