En Cisjordanie, trois amis décident de créer leur propre cellule de résistance et sont prêts à passer à l’action. Leur première opération tourne mal. Capturé par l’armée israélienne, Omar est conduit en prison. Relâché contre la promesse d’une trahison, Omar parviendra-t-il malgré tout à rester fidèle à ses amis, à la femme qu’il aime, à sa cause?Réalisateur néerlando-palestinien, Hany Abu-Assad est l’un des cinéastes les plus célèbres d’origine palestinienne. Il connait le succès en 2005 avec son film Paradise Now, lequel décrit le périple de deux jeunes choisis pour commettre un attentat suicide à Tel Aviv. Le film sera nommé à l’Oscar du Meilleur Film Étranger, à la Berlinale, et recevra le Golden Globe du Meilleur Film Étranger en 2006.
Derrière le mur
Avec Omar (prix spécial du Jury au festival de Cannes 2013, sélection « Un Certain Regard »), Abu-Assad s’attaque désormais à la Cisjordanie, région du Proche-Orient, au centre du conflit israélo-palestinien. Trois amis, Omar, Tarek et Amjad décident de créer une cellule de résistance, afin de s’attaquer à l’armée israélienne. Séparé de ses amis par le mur, Omar tombe amoureux de Nadia, la soeur de Tarek. Les trois jeunes décident de passer à l’action, et vont alors commettre un attentat, en assassinant un soldat dans une base militaire. Retrouvé quelques jours plus tard, le jeune homme est enlevé par les services secrets israéliens, puis torturé. Commence alors un jeu entre lui, ses amis et les services secrets, ou chacun défend ses propres intérêts, tout en mentant aux autres pour se venger et à la fois se protéger.
Un thriller qui pose des questions
Omar est, avant d’être un film engagé, un très bon thriller. Là où certains films auraient pu privilégier des discours un peu trop politiques ou peut-être trop incompréhensibles pour les occidentaux que nous sommes, Abu-Assad favorise la narration, le récit. Ainsi, le film peut se vanter d »avoir un rythme plutôt soutenu : pas de longueurs, pour un format assez court (1h37). Le film joue des questions de confiance, de trahison. Jusqu’où peut-on faire confiance à nos amis ? À nos alliés ? L’amour est-il un échappatoire envisageable dans une région brûlante de tension ? Autant de questions auxquelles le réalisateur tentera de répondre pendant le film, de façon plus ou moins délicate, plus ou moins « crédible », mais dans l’ensemble de façon touchante.
Le réalisateur a bien fait attention à ne pas mettre de gros sabots pour le film, ce qui aurait pu tuer un scénario en quelques minutes. Abu-Assad s’amuse, et avant tout surprend le spectateur. Parler de sujets graves, avec solennité, mais toujours avec assez de recul pour que le spectateur reste loin du pathos, ou du sentiment de regarder un film pro-palestinien (même si on comprendra aisément l’avis du réalisateur).
Là où Abu-Nassad surprend, c’est qu’Omar n’est pas vraiment un message d’espoir, c’est surtout un signal de détresse. Très pessimiste, le film en surprendra plus d’un par sa fin, totalement inattendue. Le film est en réalité une suite d’évènements peu envisageables, comme on n’aurait pas pu s’attendre. Une fin pas très heureuse, des morts, des inégalités et des tensions plus fortes que jamais. C’est ainsi que se clôture Omar, film ambitieux qui, malgré un sujet maintes fois exploité, ne répète rien, par la force d’un récit efficace et des acteurs convaincants.