« Je mens… Je suis en feu, je suis gris, lourd, crasseux, mais je suis en feu. » Un homme seul dort dans les bois. Masse inouïe de plus de 150 kilos, il est parti un beau matin, laissant sa vie d’avant, à la recherche du blast, ce court instant de perfection, flash improbable, qui survient parfois, lorsque, oubliant sa graisse, il parvient à voler.
Manu Larcenet signe un immense roman graphique, noir et âpre, d’un humanisme bouleversant.
Rares sont les livres, encore moins les B, qui m’ont mis une telle claque.
Cette BD en 3 tomes se lit d’une seule traite tant ole lecteur est plongé dans l’étrange histoire de son personnage principal Polza, un très gros Monsieur que l’on découvre dans un commissariat de police, interrogé par deux policiers pour une sombre affaire dont on ne sait rien si ce n’est qu’elle est en lien avec une certaine Carole…
Plus qu’une BD, ces trois tomes forment une historie digne d’un des meilleurs thrillers que j’ai pu lire, un roman graphique riche et profond mis en valeur par les sublimes dessins de Larcenet.
C’est un tout autre style de l’auteur que j’ai découvert à travers Blast. Si les personnages de « Retour à la terre » ou « Le Combat ordinaire » (dont je vous parlais ici) sont petits et plutôt mignons, en couleur, les personnages de Blast sont sombres, très réalistes, très travaillés et tout est dessiné en noir et blanc. Tout sauf les scènes les plus violentes qui sont elles teintées de rouges et les scènes du blast (cet état que recherche Polza, une sorte de transe) où quelques couleurs apparaissent à travers des dessins d’enfants.
Étrangement c’est lorsque ces quelques couleurs apparaissent que le malaise est le plus palpable car elle reflètent à merveille la violence du récit ou l’état d’hypnose, de flottement dans lequel le personnage se trouve parfois.
Blast c’est une réflexion cinglante et poétique sur notre monde, une histoire glauque, dure, qui ne vous laisse pas sans de nombreuses interrogations, sans un certain malaise. Certains pages m’ont fait peur, d’autres m’ont fait mal ou donné la nausée, d’autres encore m’ont éblouis par leur justesse…
Un récit dont je vais certainement me souvenir longtemps.
A la fin du tome 3 j’ai cru que l’histoire se terminait ainsi… sans plus d’explications, que le lecteur se retrouvait face à lui même et à ses interrogations avec une étrange sensation à la fois de soulagement et de dégoût mais je viens de voir qu’un 4ème et dernier tome allait paraitre en février prochain. J’ai plus que hâte de le lire !