Dans 36 mois, le deuxième pont, que les ingénieurs annoncent «beau», devrait changer la vie de plusieurs Camerounais. Le mardi matin à la base de Sogea Satom, sur des berges du Wouri à l'horizon éclairci (comme un signe), l'ambiance est studieuse.
Les secrétaires, affairées dans la reproduction des documents. Les ingénieurs devisent dans plusieurs bureaux sur leurs programmes de travail respectifs et les modalités de la cérémonie de pose de la première pierre imminente. On se sert du café, on nettoie la photocopieuse...
De temps en temps, un visiteur entre, dossiers en mains, casque vissé sur la tête, paré de tout l'arsenal de ce qu'on appelle dans le jargon, les EPI. Le directeur du projet, que l'on aperçoit au bout du couloir, est lui, tout aussi occupé. Didier Le Page est même réticent à s'entretenir avec nous. «Ce sera quinze minutes?», interroge-t-il. «Pas plus», faisons-nous. Assuré de la brièveté de l'entretien, il consent enfin à se mettre à table. Une table «ornée» de plusieurs plans dessinés de l'ouvrage et de piles de documents sur les différentes phases du projet.
L'ouvrage? En fait deux. «Il y a un ouvrage ferroviaire à deux voies de circulation. Et, à un mètre à côté, il y a un ouvrage routier à cinq voies de circulation, explique Didier Le Page. L'ouvrage est parallèle au pont existant, est un peu plus long que l'actuel, et déborde côté Deido, et côté Bonabéri, d'une vingtaine de mètres. Il est plus haut que l'actuel pont, d'environ huit mètres. Ça va aller, parce que le risque était de déstabiliser les fondations de l'ouvrage existant. Mais on a choisi des méthodes de réalisation qui permettent d'éviter ces affouillements». Les ingénieurs assurent, par ailleurs, que pendant les travaux du deuxième pont, on surveillera l'état du pont existant.
Les travaux de construction ont commencé.
Sur la base de Sogea Satom, les abattages d'arbres (pour la bonne cause) sont achevés, de même que la clôture de l'espace où vont se mouvoir les engins. «Théoriquement, on devait rentrer sur le terrain le 15 février 2014. Mais on a eu un OS (Ordre de service) de démarrage anticipé de certains travaux. On a commencé à s'installer dans les différentes zones autour du futur emplacement. On a fait les premiers remblais qui vont permettre de réaliser une partie des pieux de l'ouvrage», note Didier Le Page.
D'une valeur d'un peu plus de 100 milliards de FCFA, le deuxième pont sur le Wouri a été conçu pour durer cent ans, selon les experts. Il alliera esthétique et praticabilité. Pour soulager tout le monde.