Arrivé au Minatd seulement en 2011 après avoir travaillé dans le cabinet du Président de la République depuis l'accession à la magistrature suprême de ce dernier, le «dauphin» comme on l'appelle au sein du sérail a montré plus d'une fois, qu'il était nostalgique de la période où les sous-préfets, préfets et gouverneurs sortaient le «bazouka» de la répression pour mater dans le sang, toute action en faveur des libertés individuelles et collectives.
C'est René Sadi qui, la veille de la fête de l'Assomption en août 2012, donnait un point de presse pour justifier la brimade exercée sur les militants du Mrc et Maurice Kamto au cours d'une conférence de presse de lancement des activités de ce parti tenue deux jours avant, au Hilton hôtel de Yaoundé. Le Minatd, venant en appui à Mekondanè alors sous-préfet de Yaoundé III soulignait qu'au lieu de la conférence de presse annonçant la nouvelle appellation de cette formation politique, comme convenu avec l'autorité administrative, le Mrc a plutôt procédé à une fusion de partis politiques. Ce qui n'avait que très peu convaincu l'opinion. Et les responsables de ce jeune parti politique qui diront que «René Sadi ment».
Passons.
N'empêche. Albert Mekondanè sera promu quelques temps après, préfet du Haut-Nkam à l'Ouest et comme lui, Luc Ndongo, sous-préfet de Yaoundé qui interdisait la tenue du congrès du Mrc toujours lui sera fait préfet des Hauts-Plateaux. Ce dernier était un des visages de la répression pour plusieurs partis politiques et regroupements de la société civile qui se plaignaient du temps de son autorité dans le premier arrondissement de la capitale, des multiples interdictions de manifestations publiques qui n'étaient pas organisées à la gloire du régime.
C'est également René Sadi, au nom d'un pouvoir que la loi a retiré au Minatd depuis l’événement d'Elecam, qui monte au créneau au soir des élections sénatoriales du 14 avril 2013 et des couplées législatives et municipales du 30 septembre dernier, pour communiquer en lieu et place d'Elecam sur la bonne tenue du scrutin. Un peu comme le faisait en leur temps, mais heureuse¬ment au nom de la loi, Marafa ou Andzé Tsoungui.
Nostalgique de cette période de la super¬puissance de la préfectorale, il est apparu presque transpirant sur les petits écrans pour agir en lieu et place d'Elecam, organisateur et superviseur des élections. C'est encore René Sadi qui laissait les sous-préfets suspendre les églises dites de réveil en l'absence du Président de la République en vacances et ne se réajustera qu'après le retour de Paul Biya au Cameroun. Même si du reste, l'option des chefs de terre était populaire, il reste que la complaisance du Minatd était une grosse atteinte à la liber¬té religieuse prônée par la Constitution.
e vrai visage de Sadi
Le projet de Code électoral a également mis en relief, les difficultés que le Minadt a avec les libertés individuelles. Ignorant ou snobant la Constitution, l'ex-secrétaire général du Comité central du Rdpc est allé au Parlement défendre un texte qui validait le mandat impératif. Une grosse atteinte aux libertés individuelles des élus qui d'après le projet de texte devaient être tenus de s'aligner sur toutes les conditions ante à leur élection, et donc sur les mêmes convictions politiques, sous peine de perdre leurs mandats. Pourtant la Loi fondamentale stipule que tout «mandat impératif est nu».
L'affaire fera grand bruit au point où le Minadt annoncera, lui-même, le retrait du texte. Mais l'opinion aura retenu, que le représentant du gouvernement qui défendait bec et ongle son projet, était resté dans la logique de l'enfermement de ses élus dans une seule idéologie: la sienne. Il n'avait pas vu rouler en grande vitesse, le train de l'évolution des mentalités civiques et politiques.
Cette fois-ci, le Minatd a décidé de mon¬ter d'un cran en rappelant aux gouverneurs des régions un décret signé et communiqué au public au moins un an auparavant. Pour quelle fin? Certainement par nostalgie de la période où la préfectorale était le super rédacteur en chef des médias. Mais comme la censure est surannée, le Dauphin a imaginé une nouvelle formule: maintenir l'épée de Damoclès sur la tête des éditeurs qui pourraient ne pas avoir autre choix que de le louer, le blanchir, le célébrer, lui faire l’«atalakou» comme dirait l'homme de la rue ... Un peu comme le font déjà certains titres de la place qui sont dans les grâces, et du président du Cnc et du Minatd, mais ne sont pas parangon de la presse. Il parait que l'œil du Sahel ou encore Ouest-Littoral ne sont pas de cette veine là... Vous avez dit le vrai visage de Sadi?