Titre original : Escape Plan
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Mikael Håfström
Distribution : Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger, Jim Caviezel, Vincent D’Onofrio, Curtis Jackson, Sam Neill, Vinnie Jones, Amy Ryan, Faran Tahir, Matt Gerald…
Genre : Action/Thriller
Date de sortie : 13 novembre 2013
Le Pitch :
Ray Breslin, un ingénieur spécialisé dans les prisons de haute-sécurité, teste lui-même les établissements pénitentiaires en s’y faisant incarcérer, puis en s’évadant. Contacté par une société privée souhaitant mettre à l’épreuve sa toute nouvelle prison high-tech, Ray se retrouve dans un complexe ultra-moderne réputé inviolable. Rapidement, il se rend compte qu’il a été piégé. Sur place, sa rencontre avec Emil Rottmayer, un autre détenu, va néanmoins lui permettre d’entrevoir une issue…
La Critique :
Ce n’est pas la première fois que Sylvester Stallone se retrouve derrière les barreaux. Et ce n’est pas la première fois non plus qu’il cherche à se faire la malle. Si dans Tango & Cash déjà, Sly et Kurt Russell effectuaient un bref séjour en taule avant de se barrer d’une manière plutôt spectaculaire, c’est surtout à Haute Sécurité de John Flynn qu’on pense en premier lieu devant Évasion. L’histoire n’est pas exactement la même mais le sentiment d’injustice qui anime le personnage et la thématique du complot qui sert de base à l’intrigue sont là dans les deux cas. Et puis bien sûr, il est question d’évasion. 24 ans séparent Haute Sécurité d’Évasion. En 1989, Sly était le roi du box-office et, dans la fleur de l’âge, il avait encore presque le statut de jeune premier. Aujourd’hui, à 67 ans, il doit non seulement composer avec les années de plus en plus lourdes à porter, mais aussi avec un paysage cinématographique considérablement bouleversé, où l’action pure ne mène plus la danse.
À l’instar de Haute Sécurité et de beaucoup d’autres de ses films, Évasion est un pur film de genre. Une série B comme on en fait plus. Le genre de films qui ne cherche pas à péter plus haut que son cul, tout en se concentrant sur un spectacle qu’il destine avant tout aux fans. En cela, il remplit largement sa part du contrat.
Retrouver Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger en tête d’affiche d’un film d’action à l’ancienne est un petit miracle en soi. Certes, ils se sont déjà croisés dans Expendables, mais très brièvement, et sans faire beaucoup d’étincelles. Dans le deuxième volet de cette grande réunion d’anciens élèves, Schwarzie en faisait un peu plus, mais restait dans le cadre limité de l’apparition amicale. Ici il tient le film, quasiment à égalité avec Stallone. Quasiment, car Évasion est néanmoins davantage le film de Sly que celui d’Arnie. L’intrigue tourne autour de son personnage, tandis que celui du Chêne Autrichien n’intervient que dans un second temps, en se greffant au récit, pour en devenir très vite un élément indispensable. Le scénario est en cela très bien construit, car il n’organise pas une bataille d’égo et prend le soin de ménager des plages de liberté à ses deux acteurs.
On se retrouve donc avec les deux grandes stars du cinéma d’action des 80′s. Un style qu’ils ont bâti de leurs mains, à grand renfort de gimmicks devenus cultes et de répliques elles aussi rentrées dans la légende. Avec Évasion, ils font ce qu’ils savent faire le mieux, en tenant compte de leur âge.
Personne ne cherche à jouer au jeune premier, en se compromettant dans de super cascades. Le cahier des charges est le même que jadis. On privilégie les bonnes vieilles bastons au corps à corps et les fusillades, plutôt que les voltiges câblées modernes. Plus globalement, on se focalise sur l’essentiel et on donne au peuple ce qu’il est venu chercher.
Dommage que le scénario accuse quelques longueurs, principalement situées dans l’introduction un peu molle, car la rythmique est bonne. Ponctué de dialogues aux petits oignons et de répliques tout simplement jubilatoires (« Tu frappes comme un végétarien » est d’ores et déjà la punchline de l’année), le script réserve quelques rebondissements sympathiques et déroule un tapis rouge aux deux monstres sacrés chargés de le faire vivre. On reste encore une fois dans les limites du genre. C’est prévisible, mais carré et généreux et de toute façon, jamais Évasion ne se la joue révolutionnaire. Là n’est pas le propos de cette version cinéma bourrée de testostérone de Prison Break.
Ces deux monstres justement, font preuve d’une flamboyance franchement louable. Stallone, qui n’est jamais resté bien loin des plateaux de tournage, marche certes dans les pas de certains de ses anciens personnages, mais comme d’habitude, il n’a pas son pareil pour incarner les types floués et martyrisés, bien décidés à remuer ciel et terre pour s’en sortir et au passage corriger sévèrement leurs bourreaux. Arnold en revanche, a démontré avec sa brève apparition dans Expendables à quel point ses deux mandats de gouverneur l’avaient éloigné du métier. Il l’admet d’ailleurs lui-même, indiquant que le retour aux affaires ne fut pas de tout repos. Déjà en jambe dans Le Dernier Rempart bien qu’un peu rouillé, il retrouve ici sa verve d’antan, prouvant qu’il est bel et bien de retour. Dans la peau d’un molosse vieillissant, aussi taquin que brutal, il fait des merveilles. En un regard, au détour d’une séquence jouissive, mitraillette à la main, il renoue avec sa propre légende. Bien servi par des répliques complètement en phase, Schwarzenegger fait plaisir à voir et ne manquera pas de réjouir ses fans qui attendaient depuis longtemps le film qui parviendrait à réveiller durablement l’acteur.
Ce film, c’est Évasion. Une pure série B, simple, directe et superbement efficace. Un fantasme de fan, porté à l’écran par un réalisateur discret, car totalement au service de ses comédiens. Un film avec un bon méchant (Jim Caviezel, machiavélique juste comme il faut, épaulé par un Vinnie Jones au poil), et une double dose de héros. Des héros comme on en fait plus. Il semblerait qu’on ait cassé moule. Stallone et Schwarzenegger sont des résistants. La retraite, ils l’envoient chier en y mettant les formes. Et bien sûr, sans se priver d’en balancer une bien bonne au moment d’appuyer sur la détente. Pour faire bonne mesure….
@ Gilles Rolland