"Libre propos autour de la cruauté animale" de Elisabeth de Fontenay "
Car aujourd’hui ce n’est pas la mort qui constitue pour l’animal la plus atroce atteinte, mais bien sa
pauvre vie, emmurée dans l’abstraction terrifiante de l’animalerie et de la salle d’expérimentation, ou dans l’espace concentrationnaire de l’élevage en batterie. Il y a, de
la part de beaucoup d’entre nous, un oubli, l’oubli de la réalité qui est celle de nos pratiques ordinaires, et la cruauté dont il s’agit dès lors porte un nom tout simple :
l’indifférence. Nous ne sommes pas sanguinaires et sadiques, nous sommes indifférents, passifs, blasés, détachés, insouciants, blindés, vaguement complices, pleins de bonne
conscience humaniste et rendus tels par la collusion du rationalisme, de la culture monothéiste, de la technoscience et de « l’horreur économique ». Encore une fois, le fait
de ne pas savoir ce que d’autres font à notre place, de ne pas être informé, loin de constituer une excuse, devrait nous accabler si du moins nous sommes ces êtres doués de
conscience, d’imagination et de responsabilité que nous prétendons être. ...."