On est dans un roman jeunesse alors forcément Hiaasen ne lâche pas les chevaux comme il peut le faire quand il s’adresse aux adultes. Il n’empêche que l’air de rien, il balance pas mal. Sur la téléralité bien sûr, sur ces émissions où l’aventure semble régner en maître mais qui sont en fait bidonnées à 100%. Il taille un costard XXL à la star du programme mais aussi à son assistante, au producteur et même au public qui gobe tout ça sans jamais se poser la moindre question. Entre deux il vous parle d’enfance maltraitée, de pauvreté, de parents alcooliques et violents, de ces Américains sans toit qui vivent dans des camping car et squattent les parkings des supermarchés. Et puis il y a la Floride qui lui est si chère et dont il défend farouchement les espaces naturelles et sauvages de plus en plus menacés. Au final on apprend pas mal de choses intéressantes sur la faune et la flore des Everglades. Bref, ça a beau être de la littérature jeunesse, ça reste engagé et sans concession.
Et pour ce qui est de l’humour, l’auteur de Pêche en trouble est toujours au sommet. Il a l’art de croquer des personnages aussi ridicules que crédibles. Ici son Derek Blair est un abruti de première dont il se moque (et nous avec) sans fioriture. Mais « Mr Blaireau » n’est pas le seul à en prendre pour son grade et chacun, à un moment ou un autre, a droit à quelques lignes dont il ne ressort pas grandi.
Un roman jeunesse intelligent, pêchu et drôle, ça ne court pas les rues. A dévorer dès 11-12 ans.
Niak de Carl Hiaasen. Gallimerd jeunesse, 2013. 295 pages. 13,50 euros.
Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Hélène