Les vitesses élevées sont-elles effectivement plus consommatrices en carburant que les allures modérées ? Les débats sont courants et finalement peu d’éléments sont pris en compte pour de telles mesures. Pour parvenir à de réels constats en fonction des aspérités de la route ou encore du climat, des chercheurs du SINTEF ont pu enregistrer des données provenant directement des systèmes embarqués par le constructeur Nissan sur certains de ses véhicules. “Nous sommes maintenant en mesure de voir dans le " cerveau " d'une voiture et de mesurer des choses telles que la quantité d'énergie consommée en propulsion, avec la climatisation ou lors du freinage”, commentent Astrid Bjørgen Sund et Tomas Levin du SINTEF. Ces données renseignent aussi bien sur la manière dont sont utilisés les véhicules que sur le comportement de leur infrastructure.
Modéliser des voies routières
Afin d’appréhender la consommation du véhicule en fonction du revêtement de la route, de ses courbes, des montées et descentes ou encore de mesurer l’incidence des tunnels et péages, le système de “smart capture” basé sur des données en temps réel fournit des scénarios plus réalistes que les traditionnels moyennes européennes. “Il est difficile de prévoir la consommation d'énergie sur les routes sinueuses typiquement norvégiennes en se basant sur des moyennes européennes”, indique Tomas Levin. Ainsi, afin d’influencer la conception de la nouvelle E39 qui reliera Trondheim et Kristiansand, les chercheurs vont effectuer des relevés sur des routes aux profils similaires à savoir la E18 et la E6. En effectuant des relevés plusieurs fois par seconde sur des tronçons de 200 mètres, les chercheurs espèrent bien pouvoir documenter le projet de la E39.
Généraliser le processus
Afin de pouvoir continuer à bénéficier des données les plus précises et pertinentes possibles, les chercheurs espèrent voir le processus s’étendre à d’autres constructeurs. Si Nissan a été le premier constructeur à ouvrir ses données, la division des véhicules professionnels de Volvo lui a ensuite emboité le pas. La généralisation d’un tel processus pourrait amener à la création d’une banque de données, potentiellement source de décisions plus éclairées en ce qui concerne les projets de grands travaux norvégiens. Mais ce qu’attend les chercheurs, c’est des systèmes embarqués encore plus intelligents : “Si les voitures pouvaient Tweeter, nous pourrions aborder de nombreux défis passionnants”, conclutTomas Levin.