Je m'adresse à l'individu qui sommeille en vous et non à l'uniforme

Je m'adresse à l'individu qui sommeille en moi et non à l'uniforme.J'abandonne, je jette l'éponge, je déclare forfait. Il me reste quoi, quel souffle, quel combat, quel idéal? Seul, encerclé, acculé, je pousse mon être vers le ravin. Que me reste-t-il? Les yeux clos, tremblants, ne veulent plus voir, ni mâcher. Je cherche l'apaisement en mon fort intérieur. Je cherche, cherche, cherche, mais ne trouve pas. Seul, éloigné de tous, j'apprête ma couche. Je veux du sommeil, échapper aux tristes lois de la physique, regoûter à mon songe d'une nuit d'été, déserter pour ne pas faire la guerre.Moi je suis roi. Je suis roi de ma reine, et elle est reine de mon moi, je ne veux pas autre chose, je suis un mur, un murmure, une fresque étonnemment muette.Je marche dans les rues tel un zombie, je cueille des images qui ne servent à rien, je me vide progressivement de ma sève, je respire, un air qui me donne le haut-le-coeur. Je n'appartiens pas à ce temps. Je suis un étranger, un paria, un intrus. Je ne vous comprendrai jamais et vous ne me cernerez jamais. Je veux être libre, pour que la liberté me grise, me noircisse, je veux, je veux, je veux. Bientôt les questions ne fuseront plus. Il y aura la souffrance et rien d'autre. Vous aurez remporté la bataille, j'aurai perdu la guerre, je plongerai tête la première dans les remous agités de la mer. Vous trouvez que je suis drôle, vous souriez... Mais ma fronde est légitime, je prends le maquis, résistant je serai, et je rendrai aux phrases leur lustre d'antan...La foule veut me faire plier à son désir, la masse compacte et insensée, enfantine et étourdie, qui veut que tout le monde danse, que tout le monde chante, que tout le monde applaudisse, alors que dehors sonnent les clochards, alors que les sources les plus profondes sont taries, alors que des papiers sont cloués au pilori et que des arbres sont unaniment condamnés et brûlés.Que la paix soit avec moi... Je m'éloigne de plus en plus des chemins battus. Je ne veux pas participer au crime. Vous me direz que, si on les bat, c'est peut-être parce qu'ils le méritent, mais faut-il vraiment que vous vous mettiez à plusieurs pour dompter la lumière et les champs magnétiques? Frères humains, de vous à moi, ne soyez pas étroits dans vos vues, vous avez des droits, vous êtes tous égaux et pareils, vous êtes tous des esprits et des énergies. Qu'attendez-vous pour vous insurger contre l'une des plus grandes tyrannies qui pèsent sur vous? Je veux parler, bien sûr, de la loi de la gravité. Une disposition injuste et discriminatoire, qui vous empêche de réaliser pleinement vos rêves. Il est temps de dénoncer ceux à qui profite cette disposition arbitraire. Car pourquoi devrions-nous accepter comme une vérité fondamentale le fait de retomber au sol quand nous sautons? Je propose une chose afin de faire progresser l'humanité et l'harmonie universelle: que soient immédiatement débloqués des fonds conséquents pour la recherche contre la gravité. Et puissions-nous ainsi espérer qu'un jour nous serons tous maîtres de nos corps, pour de vrai!