Mars, Vénus et la Terre photographiées depuis la banlieue de Saturne

Publié le 13 novembre 2013 par Pyxmalion @pyxmalion

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Sur ce portrait de Saturne en contre-jour pris par Cassini le 19 juillet, apparaissent 3 planètes telluriques, 7 de ses satellites naturels et les nombreux anneaux dont le plus diffus, l’anneau E alimenté par Encelade.

Le 19 juillet dernier, la sonde spatiale Cassini — en orbite autour de Saturne depuis 2004 — profitait d’un moment d’éclipse du Soleil par la planète géante pour réunir sur une même photo trois des quatre planètes telluriques de notre système solaire. Parmi elles, la Terre et sa jumelle, par la taille, Vénus. Observées d’aussi loin, à plus de 1,5 milliard de kilomètres de distance, ces petites boules rocheuses apparaissent souvent très (trop) proches du Soleil – un cas similaire avec Mercure vue depuis la Terre—. Cette situation contraint donc les ingénieurs à éviter de les photographier. Toutefois, il arrive de temps en temps que les conditions soient favorables pour un inhabituel portrait de famille partiel (famille des telluriques).

Averties par la NASA et le JPL, un grand nombre de personnes à travers le monde étaient sorties dans la rue ce jour pour saluer la planète tandis que Cassini se glissait dans l’ombre de Saturne. Bien sûr, direz-vous, on ne distingue pas grand-chose de notre planète habitée. C’est tout juste si on nous reconnaît ou que l’on remarque la teinte légèrement bleutée. C’est un petit « point bleu pâle » — « a pale blue dot » — comme l’a surnommée feu l’astrophysicien Carl Sagan.
C’est vrai que nous ne sommes pas grand-chose et, d’ailleurs, n’oublions pas que seul le Soleil demeure perceptible de très loin, bien au-delà du système solaire.

Si vous agrandissez cette image mosaïque vertigineuse, vous distinguerez la Lune blottie contre nous, à 384 000 km de distance en moyenne ! Mais ce n’est pas tout. Outre 7 des 63 satellites naturels connus de la planète gazeuse, on peut également découvrir la présence de Vénus (au bord de l’anneau E) et Mars (en haut à gauche). Deux minuscules points brillants à ne pas confondre avec de lointaines étoiles.

Mars, Vénus, la Terre photographiées dans la banlieue de Saturne par Cassini ; on distingue les geysers expulsés par Encelade qui sont en partie responsable de l’anneau E (cliquez pour agrandir) – Image en haute résolution ici

Bien plus que la beauté admirable de Saturne côté nuit, cette image composite (141 photos grand-angles) couvrant 651 591 kilomètres, livre aux chercheurs de précieuses données sur les mondes gravitant autour d’elle et les structures de ses multiples anneaux. En jouant sur les contrastes et la balance des couleurs, les scientifiques se sont intéressés aux orbites mal connues des minuscules lunes Anthe et Methone et ont étudié les évolutions de cet anneau E très diffus. Situé en marge des anneaux les plus denses, celui-ci est principalement constitué de particules de glaces déversées par Encelade, une lune surprenante. C’est grâce à Cassini que les astronomes ont découvert que ce petit satellite naturel recouvert d’une épaisse banquise n’a absolument rien d’anodin : des geysers qui expulsent régulièrement de l’eau pure dans l’espace attirent, en effet, régulièrement leur attention. Une activité sous-jacente témoigne de la présence durable d’eau liquide sous son écorce de glace. L’enquête continue.

Une image fascinante qui nous invite à nous regarder, en miroir. Au même moment, sur Terre, Saturne brillait au crépuscule, tel un point doré dans les lueurs flamboyantes. Elle semble si loin — et vice-versa — et pourtant, 1,5 milliard de kilomètres, cela représente très peu à l’échelle de notre galaxie !

Crédit photo : NASA/JPL-Caltech/SSI.

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Xavier Demeersman