Crédit (seconde vignette) : www.lexpress.fr/culture/livre/sylvie-germain-comme-l-oiseau_1278868.html
Elle croyait en la vie [...] elle y croyait plus que moi je n'y ai cru, elle aimait la vie, vaille que vaille. C'est la plus belle des croyances, en tout cas la plus salutaire.
(p.232)
Lili vit seule avec son père Gabriel depuis que sa mère les a abandonnés, avant de mourir en mer il y a des années de cela. Seulement, le quotidien tranquille de ce drôle de couple va être transformé par l’arrivée d’une tribu constituée de la nouvelle femme de Gabriel, Viviane, accompagnée de ses quatre enfants nés de différentes unions : Jeanne-Joy, Paul, et les jumelles Chantal et Christine. Lili grandit dans l’ombre de ses nouveaux frère et sœurs ; peu à peu, elle s’efface pour n’être qu’une spectatrice de la tragi-comédie qui se joue sous ses yeux : deuil, maladie, rédemption, rien n’est épargné à cette famille recomposée bon gré mal gré.
PETITES SCENES CAPITALES puise sa force dans la plume de Sylvie Germain. L’auteure écrit au présent, dans un style poétique et léger, alors qu’elle aborde de terribles sujets. Cet oxymore syntaxique berce le lecteur dans une illusion dorée : il se croit à l’abri, dans un cocon protecteur, et ne voit pas le coup venir. Le coup violent qui lui transperce les tripes : la mort. Ce concept vague et peu compris des enfants va bouleverser la vie de Lili, et par la même, la vie des observateurs extérieurs de ce périple à travers les âges (nous, lecteurs éperdus).
Sylvie Germain passe beaucoup de temps à développer des moments clés, épars, de l’enfance de Lili et de ses frère et sœurs. Le lecteur découvre avec émotion ces petits bouts de vie : l’enfant qui grandit, l’enfant qui explore, l’enfant qui affronte le monde coûte que coûte. Puis, le temps s’accélère, il passe et dépasse le continuum temporel de Lili. La jeune fille devient femme et quitte le nid.
Ce roman peut rappeler, par certains aspects, rappelé EMMAÜS d’Alessandro Baricco : ce côté décousu, les épisodes qui s’enchaînent, le rapport à la religion, la jeunesse qui se déploie… Bref, un univers similaire (même si Baricco est davantage dans le trash, alors que Germain a une plume telle, que la pire des nouvelles est un délice à lire).
Voilà, Sylvie Germain, c’est un souffle de fraîcheur dans ce monde de brutes, une plume aérienne qui sait romancer une vie d’apparence terne, une émotion vivante qui saisit le lecteur à la gorge, en un mot : une luciole délicate qui guide le lecteur dans les méandres des souvenirs, de la vie, du temps qui passe.
Bref, longtemps en bon chemin pour le Goncourt 2013, ce court roman plaira aux amoureux des mots. Bonne lecture à vous !
18/20
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Merci à PriceMinister et aux éditions Albin Michel pour ce roman dans le cadre du #MRL2013 !
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