Samedi dernier à la Cigale, la plupart de ceux qui étaient présents attendaient d'assister au premier concert français de London Grammar dont le premier album a largement ému les méiomanes de tous bords à la rentrée.
Pourtant il aura fallu attendre la fin du set de Lucius pour découvrir le groupe britannique sur scène.
C'est une pop légère et dansante que nous a servi Lucius en guise d'apéritif samedi soir. Look extrêmement travaillé pour le groupe (effet miroir en front de scène pour les deux chanteuses mimétiques, petite moustache travaillée ici, chemise typée American Apparel) qui dégage une belle énergie sur scène. Le public de la Cigale ne résiste pas longtemps et se laisse embarquer. Lucius a relevé le pari de distraire une foule qui dans l'ensemble semblait découvrir sa musique. Joli.
Quand le trio de London Grammar entre en scène, l'assemblée retient son souffle, entre excitation et légère angoisse. Et si la voix d'Hannah Reid n'était pas à la hauteur de ce qu'on a pu entendre sur disque, et si la magie n'opérait pas en live, et si, et si, et si... Le doute se dissipe bien vite pour laisser place à une béatitude hébétée. La mise en scène est simple, la belle Hannah n'a pas fait d'effort particulier pour séduire : elle arbore un jean et un top blanc à manches longues d'une jolie coupe mais très simple et pourtant le charme opère. Sa voix emplit toute la salle, immédiatement et la foule reste suspendue à ses mots. On en oublierait presque ses deux acolytes. Ils sont là pourtant, mais officient dans l'ombre, discrètement, lui laissant la vedette.
Pour un premier vrai concert parisien, on peut dire qu'il aura marqué les esprits. Certains lui reprocheront d'être trop fidèle à l'album, de manquer de vie. Je leur rétorquerai que pour ce style de musique, ça n'est pas un problème. Le set de London Grammar a donné lieu à un recueillement bienfaisant, parenthèse enchantée dans une journée de grisaille, rayon de soleil musical. On est sorti de là requinqué, gavé par tant de beauté. Que pouvait-on espérer de plus?
Jacco Gardner prend la suite. Mugicien (oui, musicien-magicien, quoi, tu sais) confirmé, il n'a pas son pareil pour installer une ambiance dépaysante qui nous offre un voyage dans le temps guidé par sa fantaisie gnéiale. Sous son grand chapeau, l'homme distille ses chansons bienfaisantes qui fleurent bon les 70's dans ce que cette décennie a pu proposer de meilleur.
Comme tous les voyages, celui-ci a bien dû s'achever. Difficile de revenir sur Terre après un tel enchantement.
Pour finir, Valerie June entre en scène.
Bon, inutile de tourner autour du pot, j'ai du mal avec sa voix.
L'ensemble n'est pas déplaisant, et quand elle s'arme d'un banjo je me dis qu'on va se réconcilier.
Mais non. Mon instrument fétiche n'aura pas suffi.
J'ai aimé enchainer deux morceaux mais ensuite, j'ai fini par trouver son chant irritant.
Avis personnel bien entendu, la belle a ses fans qui reprennent ses textes et dansent au son de sa voix. Je quitte la salle en ayant l'impression de passer à côté de quelque chose...
Comme chaque année, le festival des InRocKs m'a permis de passer de bien belles soirées. La plus mémorable restera celle d'ouverture avec le concert de Keaton Henson à l'église Saint-Eustache mais les deux concerts programmées à la cigale jeudi et vendredi m'ont aussi réservé leur lot de belles surprises.
En premier lieu, la découverte du live de London Grammar, magique. Puis celle de Young Fathers, groupe dont je n'avais jamais entendu parler jusque là (SCANDALE!).
Cher festival des InRocKs, cette année encore tu nous as offert de bien belles découvertes sous forme de petites bombes explosives ou de moments de grâce somptueux.
A l'année prochaine et encore une fois merci,
XO